La Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce étant confrontée à de grosses difficultés, ses actionnaires veulent la remettre sur pied. Ils ont fait appel à son premier PDG, Mohamed Hadi Alwarfalli.
Vingt après sa création, en 1999, la BSIC (Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce) constitue un casse-tête pour ses quatorze actionnaires. Plutôt bien portante jusqu’en 2010, elle voit, pour diverses raisons, sa santé décliner depuis la chute du régime kadhafiste en février 2011.
À la BSIC, ce n’est pas la compétence mais la nationalité qui prime dans la nomination aux postes de responsabilité. D’après les statuts, le PDG ne peut être que Libyen, le vice-président inévitablement Soudanais – le Soudan étant, avec près de 10 % du capital, le deuxième plus important contributeur derrière la Libye (56 %).
Ce qui contraint ses actionnaires, et plus particulièrement le plus important parmi eux, l’État libyen, à agir pour la remettre sur pied. C’est pour cette raison qu’ils ont récemment proposé à Mohamed Hadi Alwarfalli d’en reprendre les commandes afin de mener le chantier du sauvetage.
Créée officiellement par 14 des 29 pays de la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD) pour contribuer au financement de leur développement, cette banque « était en réalité un instrument de la politique africaine de la Libye de Mouammar Kadhafi », affirme un ancien banquier tunisien.
Lire aussi l’article : Sur les traces des hackers de la Poste Finance et de la BCEAO
Pour lui permettre d’assumer ce rôle, « les autorités libyennes ne rechignaient pas à sortir le chéquier à chaque fois que le besoin d’augmenter le capital se faisait sentir », témoigne la même source.
Mais ayant aujourd’hui d’autres priorités, en raison des énormes difficultés de l’après-Kadhafi, et ne disposant plus des moyens financiers qui le lui permettaient jadis, la nouvelle Libye n’a plus l’ambition et la politique africaines du leader déchu de la Jamahiriya. Et donc la volonté de continuer à renflouer la BSIC. Désormais Tripoli attend de la banque qu’elle se prenne en charge toute seule.
La fermeture du robinet libyen est sans conteste l’une des causes des difficultés actuelles de la banque, mais pas la plus importante. De fait, si cet établissement bancaire est aujourd’hui à bout de souffle, c’est aussi, voire surtout, en raison de la mauvaise gestion de la nouvelle direction, représentée par le PDG Ali Omar Al Mokhtar, critiqué de toutes parts et dont les actionnaires auraient décidé de se séparer.
Quand son prédécesseur, Mohamed Al Hadi Alwarfalli, a été limogé, la BSIC était en bonne santé. « Elle ne perdait pas d’argent et faisait même un petit bénéfice », note un expert.
Gestion opaque
D’après, le rapport annuel relatif à l’exercice 2013 la BSIC avait cette année-là vu son bénéfice faire un bond de 69 %, de 1,3 à 2,2 millions d’euros.
Cinq ans après, le tableau est beaucoup moins reluisant, voire sombre. Certes, aucune statistique n’est disponible pour en attester, puisque la banque n’a plus publié de rapport annuel d’activité depuis 2014.
Mais, assure une source proche du dossier, la BSIC se trouve aujourd’hui « dans une situation compliquée en raison, notamment, de la conjonction de deux facteurs : la dégradation de la qualité de son portefeuille et l’explosion des frais de gestion de la banque ».
La première faiblesse est « due au favoritisme dans l’octroi des crédits », reproche un banquier maghrébin. Un prêt doit normalement être accordé selon un processus impliquant divers contrôles, donc l’intervention de plusieurs personnes. Mais à la BSIC, la direction peut débloquer un crédit « sur demande d’un haut responsable d’un pays actionnaire ».