Dans le domaine du numérique, l’année 2019 aura été riche en évènements dans presque tous les domaines qu’il s’agisse de l’institutionnel, des politiques, des infrastructures de l’économie numérique ou encore des usages et comportements.
Sur le plan institutionnel, après une campagne présidentielle durant laquelle le numérique a occupé une place remarquable dans les programmes des principaux candidats, le gouvernement nommé suite à la réélection du Président Macky Sall a vu la création d’un ministère de l’Economie numérique et des Télécommunications (MENT) avec à sa tête Ndèye Tické Ndiaye Diop.
Dans la foulée, l’Agence de l’informatique de l’Etat (ADIE), qui dépendait jusqu’ici du ministère de la Promotion des investissements, est passé sous la tutelle du MENT ce qui est plus cohérent. Cette même année, le Conseil national du numérique (CNN) est enfin devenu opérationnel avec la nomination de ses vingt membres et il lui reste désormais à faire ses preuves.
Le secteur de la régulation a également connu un changement important avec la nomination d’Abdoul Ly comme Directeur général de l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) suite à la nomination d’Abdou Karim Sall comme ministre de l’Environnement.
En matière de politiques publiques, avec l’appui du programme Netherlands Trust Fund (NTF) IV, financé par les Pays-Bas, le Sénégal s’est doté d’une stratégie nationale à l’export des technologies de l’information. De même, l’ARTP s’est résolue à encadrer les promotions des opérateurs de télécommunications, dont le caractère anarchique était régulièrement décrié, et à interdire les bonus de crédit téléphonique qui étaient notamment offerts suite à la réalisation d’opérations de paiement via le service Orange Money, distordant ainsi la concurrence dans le secteur du paiement électronique.
En 2019, le développement des infrastructures de télécommunications n’a pas été en reste puisque Tigo a procédé à l’optimisation d’une centaine de site de son réseau 3G+ et a signé une convention de concession assortie d’un cahier de charges lui permettant de déployer un réseau 4G. S’agissant de la 4G, SONATEL a réalisé la couverture de toutes les capitales régionales avec la 4G+ et est désormais présente dans l’ensemble des capitales départementales avec la 3G.
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Le secteur de l’économie numérique, entendu au sens large (TIC et télécommunications), a connu de grands bouleversements dont le plus importants est sans conteste l’arrivée de Free au Sénégal, suite au rebranding de l’opérateur Tigo dont la cession avait été approuvée en avril 2018. Fidèle à sa réputation, Free a fait une entrée remarquée sur le marché de la téléphonie mobile en proposant des forfaits qui ont eu pour effet d’obliger ses concurrents à revoir leurs tarifs à la baisse.
Sur un plan plus large, une série d’initiatives visant à promouvoir l’économie numérique ont vu le jour avec l’inauguration par Orange de son premier « Orange Digital Center » en Afrique de l’Ouest, la pose la première pierre du centre d’incubation d’entreprises de la DER financé en partie par Abu Dhabi, la pose de la première pierre du Parc des technologies numériques du Sénégal à Diamniadio et sur le plan de l’environnement légal et réglementaire, l’adoption du projet de loi relatif à la création et à la promotion de la startup au Sénégal, élaboré suite à un large processus participatif initié par les acteurs de l’innovation numérique.
Au-delà de ces actions structurantes, une multitude d’initiatives ont montré, s’il en était besoin, que la transformation digitale de la société sénégalaise est en marche. En effet, il ne s’est pas passé un mois sans que l’on annonce le lancement d’une solution de paiement électronique ou d’une application mobile destinée à tel ou tel secteur d’activité, sans parler des compétitions visant à promouvoir l’innovation numérique qui se succèdent sans que l’on sache si elles sont vraiment bénéfiques pour les participants comme pour les vainqueurs.
Le commerce électronique est également entré dans les mœurs des citadins et plus particulièrement des dakarois qui achètent de plus en plus de produits en ligne et/ou recourent au paiement mobile. Dans ce contexte, les activités en tous genres liées à la cybercriminalité se sont accrues de même que l’utilisation de plus en plus préoccupante de données à caractère personnel à des fins de vengeance et/ou de chantage. A l’heure où la possession d’un smartphone et la fréquentation des réseaux sociaux se sont banalisées, il est plus que jamais nécessaire d’organiser des programmes de sensibilisation portant sur les usages du numérique afin d’en prévenir les principales dérives.
Amadou Top
Président d’OSIRIS