Le fondateur d’Alibaba, Jack Ma a rencontré ce jeudi, 14 novembre 2019, à Lomé, une vingtaine de jeunes entrepreneurs africains. La rencontre voulue par le président de la République Togolaise devrait permettre à Jack Ma de partager avec ses jeunes son expérience. De ses difficultés à ses succès, Jack Ma était appelé à donner à ces jeunes, les clés pour transformer les idées les plus « folles » en succes stories… « Nous pensons que notre pays est la porte d’entrée des pays d’Afrique francophone. C’est la première fois que Jack Ma vient dans un pays d’Afrique francophone », a fait observer la ministre Cina Lawson des Postes, de l’Economie numérique et des innovations. Elle livrera plus tard la raison de cette invitation adressée à Jack Ma.
Richard Folly est data-scientiste, fondateur d’une structure de traitement de la big data, la ‘’Géospatial-intelligence Agency’’ (AGIA). Lui, était déjà à Alibaba business school en Chine, sans pouvoir rencontrer son modèle, Jack Ma. Ce jeudi 14 novembre, il était parmi la vingtaine de jeunes entrepreneurs ayant eu la chance de rencontrer le patron d’Alibaba, le géant chinois du e-commerce. Richard Folly est reparti de cette rencontre avec une autre vision de l’entrepreneuriat. « Le message clé pour moi c’est que, s’il faut classer les composantes d’une entreprise, les clients viennent en première position, ensuite les employés et les investisseurs viennent en troisième position. Parce que, sans les clients vous n’êtes rien et sans les employés, votre production ne va pas évoluer…mais, même sans les investisseurs, l’entreprise doit pouvoir grandir… » Quelques heures plus tôt, Richard Folly n’avait pas la même perception de l’entrepreneuriat… Jack Ma a donc impacté ce jeune Togolais en livrant quatre secrets pour la réussite de l’entrepreneuriat sur le continent
Les quatre ‘’E’’ de Jack Ma
Le patron d’Alibaba a livré un message direct et concret aux jeunes entrepreneurs à Lomé. Des échanges, on retiendra les quatre ‘’E’’ pour un entrepreneuriat réussi en Afrique. C’est donc un mentor qui était face à cette jeunesse à la recherche des clés du succès. « Ce que je vois dans vos yeux, ce sont des jeunes qui se demandent s’ils peuvent être comme Jack Ma ! Je dirai oui », a adressé aux entrepreneurs Jack Ma. Pour lui, il faut « apprendre de Jack Ma, de comment il a perçu les difficultés, comment il a relevé les défis, comment il a échoué, puis s’est relevé et recommencé. Dans ma vie, il y a deux mots : échec et recommencer ! », a insisté le milliardaire Chinois. Pour lui, celui qui n’abandonne pas à toujours une chance de réussir. Et il ajoutera les quatre clés du succès : les quatre ‘’E’’. « Le premier E, c’est l’entrepreneuriat. C’est l’entrepreneuriat qui fait construire. Le deuxième E, c’est le E-gouvernement. Il faudrait que le gouvernement soit électronique, transparent, efficace. Le troisième E, c’est le E-infrastructure. Il faudrait qu’en Afrique, chaque pays, chaque individu ait accès à Internet. Le quatrième E, c’est l’éducation », a révélé Jack Ma.
La stratégie du gouvernement
Pour le gouvernement Togolais, la venue de Jack Ma répond à une stratégie. Le pays qui veut devenir un hub logistique se projette loin. « Pourquoi c’est important pour nous ? Pourquoi des jeunes d’Afrique francophone ? Parce que lorsque vous connaissez un pays, vous pourrez y investir demain. Lorsqu’ils décideront d’investir en Afrique et en Afrique francophone, ils viendront au Togo », a confié Cina Lawson. Le Togo, dans sa logique de un centre logistique de services, veut donc attirer toutes les expertises, y compris ces jeunes qui demain sont appelés à réussir et à devenir des références. Une stratégie à double enjeu donc. Pour la ministre des Postes, de l’Economie numérique et des innovations, « c’est la vie de Jack Ma qui est son message. Comment le professeur d’Anglais qui ne connaissait personne, et qui part de rien devient le plus riche de la Chine ? Voilà ce qui nous inspire ». Elle a fait observer qu’en mettant du cœur à l’ouvrage, on peut donc aller aussi loin que « le destin l’aura écrit ! »
Quel impact ?
L’idée de cette visite de Jack Ma au Togo était d’impacter les jeunes entrepreneurs à ce rendez-vous. Ils étaient une vingtaine à bénéficier du partage d’expérience avec Jack Ma. Cyriac Gbogou de O’Village de la Côte d’Ivoire retiendra la simplicité et l’humilité d’une référence qui a su céder sa place à un moment donné de sa vie. « Si je retiens quelque chose, c’est la place qu’à l’humain dans toute la chaîne de valeur de son entreprise », a confié Cyriac Gbogou. Il pense que cette valeur manque très souvent aux entreprises des jeunes africains. Il a aussi été marqué par la philosophie de Jack Ma de croire qu’un employé recruté peut dans cinq ans recruté ensuite son patron d’aujourd’hui…
Dona Etchri, fondateur d’E-Agribusiness est un Alibaba efounders Fellow. Lui, retient que Jack Ma « n’était pas parti pour devenir aussi grand qu’il ne le soit aujourd’hui. Mais tant que tu échoues et que tu réessaies, tu finis par arriver », note-t-il. « J’ai retenu qu’il n’était pas facile à Jack Ma d’arriver là où il est. Jack Ma vient nous rappeler qu’il faut continuer », a-t-il ajouté. De son côté, Jean Homawoo est cofondateur de Lori Système. Togolais basé au Kenya, sa startup fait dans la logistique digitale de camionnage pour PME en Afrique. Une heure passée avec le fondateur d’Alibaba lui a donné plus d’inspiration.
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« C’était très encourageant de l’entendre parler. Un des exemples est que, quand il a commencé il y a 20 ans, en Chine avec Alibaba, il n’y avait pas d’internet ni de smartphone. La difficulté qu’il avait à l’époque est semblable à celle des entrepreneurs aujourd’hui qui essaient de lancer des business dans un environnement où tous les clients n’ont pas accès à l’électricité, à internet ». Jean-Claude Homawoo retient qu’il est donc possible de réussir malgré les difficultés d’aujourd’hui.
Ismaël Tanko, le jeune Togolais qu’on ne présente plus dans l’agroalimentaire ne pouvait pas demander mieux. « Je suis dans la tomate, ‘’Tanko Timati’’, purée concentrée. Mais je suis en train d’aller vers la vente en ligne. Parce que j’ai remarqué que mes clients sont potentiellement des gens qui utilisent de l’Internet. Je voulais donc comprendre comment il en est arrivé là, comment il a surmonté les difficultés d’accès à Internet, comment surmonter les habitudes d’achat traditionnel d’aller en boutique. J’ai réussi à tirer des réponses et je pense que ma plateforme que je vais lancer le 1er décembre ne s’en portera que mieux… », a confié Ismaël Tanko.
Jack Ma n’aura passé que quelques heures donc à Lomé. Mais l’espoir des autorités togolaises est de voir cette visite devenir le début d’une fructueuse histoire pour le pays ; mais aussi pour tous les jeunes entrepreneurs invités ; et les milliers qui ont pu suivre en live les échanges via différents médias sociaux. Pour le Togo, c’est une nouvelle pierre qui vient d’être posée dans la construction du hub logistique ambitionné !
Souleyman Tobias – Cio mag