Facebook a décidé d’étendre ses outils de vérifications d’informations sur le continent, notamment avec le soutien d’Africa check. Parmi les langues choisies : le wolof. Comment font les Sénégalais pour vérifier leurs informations ? Reportage à Dakar.
Yohan est à la plage avec ses amis. Ils discutent du drame de cette semaine : la mort de l’artiste ivoirien DJ Arafat. A l’origine, Yohan était sceptique.
« Personnellement, ce que j’ai fait, c’était d’attendre plusieurs jours pour avoir la confirmation, confie-t-il. Quand on m’a dit que DJ Arafat était mort, je n’y ai pas cru. Après, j’ai attendu au moins une journée et quand j’ai vu d’autres artistes partager, je me suis dit que si Booba partageait, si Kaaris partageait et que d’autres partageaient, c’est qu’ils avaient la vraie information. C’est là que j’ai su qu’il était mort. »
Mais en revanche, ce qui a été réfuté par plusieurs sites de fact-checking, c’est une vidéo partagée plusieurs milliers de fois sur les réseaux sociaux. On y voit un homme sur une moto faisant des acrobaties. Le cliché date de 2018, mais Fox Mabel continue de croire que ce sont les derniers instants de DJ Arafat.
« Moi j’ai vu la vidéo, c’est pas un fake, jure-t-il. C’est bel et bien lui sur l’image ! » Peu importe que le contraire ait été démontré. « J’ai pas encore vérifié, mais je pense que la majorité des gens l’ont vu sur une moto la veille, assure Fox Mabel. Et c’est même la cause de son accident. Voilà pourquoi il est mort. Lui à la base, il aimait bien cascader sur les motos »
« Beaucoup de posts dans les langues nationales »
Outre le wolof, neuf autres langues sont concernées par la décision de Facebook, dont l’Igbo, le swahili ou l’afrikaans. C’est en 2017 que Facebook s’est associé à Africa Check, une organisation indépendante de vérification des informations, pour vérifier les contenus publiés en anglais et en français.
« On s’est rendu compte dans nos publications qu’il y avait un pan qu’il était laissé en rade, c’était les pubilcations dans les langues locales, confie Samba Dialimpa Badji, rédacteur en chef d’Africa Check francophone. Quand on part du principe qu’aujourd’hui, ces langues sont beaucoup utlisées sur les plate-formes de réseaux sociaux tels que Facebook ou même Whatsapp, on sait que cela touche un grand nombre. Donc forcément, les fakes news, la désinformation ont une certaine ampleur en fonction du degré d’utilisation qu’on a. Par exemple, aujourd’hui au Sénégal, on voit beaucoup de posts qui sont faits dans les langues nationales, que ce soit des posts vidéos ou des posts écrits. Pour Africa check en français, on va s’intéresser de plus en plus aux pubilcations Facebook qui sont faites en wolof. »
Pour le moment, seuls quatre pays sont concernés par cette décision du réseau social américain. Mais à l’heure de la désinformation généralisée, la vérification d’information a forcément un avenir.
Source : RFI