Facétie dont le hasard a le secret, deux jours après avoir fêté le Travail, la Journée mondiale de la liberté de la Presse ou plus simplement Journée mondiale de la presse est célébrée le 3 mai de chaque année, à l’initiative des Nations-Unies.
Comme pour nous amener à nous prononcer sur la problématique suivante : La liberté de la presse est-elle à la fête sur le continent et plus particulièrement au Sénégal ?
La liberté de la presse est une véritable arlésienne sur le continent, avec des variables selon les pays. Mais ce n’est pas un hasard si le journalisme d’investigation ne court pas les rues de nos pays d’Afrique parce que cette catégorie de journalistes constitue un révélateur de taille quant à l’allergie de nos gouvernants à la liberté de la presse. Ils ne sont plus là les Norbert Zongo, Ahmed-Hussein Suale et autres pour en témoigner, au point que la vie d’un Anas Aremeyaw Anas ne tient qu’à un fil de…masque à Accra au Ghana.
Au Sénégal, nous n’en sommes pas encore là. Certes, les journalistes se retrouvent de moins en moins en prison mais les organes de presse dont ils dépendent, restent fermement maintenus dans le carcan de fer de l’équation économique, sous la menace de redressements fiscaux et de procès à coups de millions d’amende pour diffamation, diffusion de Fake-news et autres joyeusetés du genre.
Les bouleversements observés dans le paysage médiatique, avec une presse traditionnelle (TV, Radio, presse imprimée) bousculée jusque dans ses derniers retranchements par une presse en ligne tous clics dehors, ne remettent pas en cause ce diagnostic établi depuis fort longtemps.
Lire : Rapport RSF- Les changements de régimes, une aubaine pour la liberté de presse
Entre le marteau des réalités économiques –très peu d’organes de presse sont viables-, et l’enclume du judiciaire, la presse n’en mène pas large au Sénégal. D’autant qu’avec la magie du clic et les réseaux sociaux, les sites internet d’informations poussent comme des champignons avec à leur tête, des «entrepreneurs du numérique », qui ont réussi à créer un nouveau genre journalistique: le buzz médiatique à coups de vues !
Combien de vues ?, tel est le nouveau paradigme de « l’infomercial » sur fond de chantages, de règlements de comptes, de people, de campagnes de désinformation, d’informations orientées, au grand dam d’un personnel non formé ou juste sur le tas, payé au lance-pierres et taillable et corvéable à merci.
Difficile dans ces conditions de parler de liberté de la presse dans notre pays même si dans le même temps, il n’y a jamais eu autant de journalistes dans les sphères du pouvoir et ceci expliquant cela, et autant d’organes de presse aux ordres.
En dépit des promesses d’un nouveau Code de la presse et d’une Aide à la presse revisitée, force nous est de constater qu’il y a une véritable collusion de faits entre les patrons de presse et l’Etat, pour maintenir les journalistes dans un état de …précarité avancée. Pour avoir compris que l’épicentre du combat pour une presse libre, reste celui-là…du ventre.
La liberté de la presse en 2019 au Sénégal ? Rappelez-nous donc en 2020 !
Cheikh Bamba NDAO – Blogueur Tech, New Media