dimanche, décembre 22, 2024

Comment 3 directeurs généraux de sociétés et des hackers ont pompé plus de 250 millions à la BDK

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La semaine dernière, nous vous parlions d’un détournement au niveau de  la Banque de Dakar (BDK),  victime de pirates informatiques.

Actuellement, nous pouvons vous dévoiler le déroulement et les procédures de ces opérations frauduleuses dans lesquelles les hackers ont manipulé des chiffres dans la base de données de la BDK.

Selon nos informations, il s’agit d’une attaque informatique d’ampleur menée par de redoutables hackers en complicité avec des bénéficiaires de comptes bancaires. Par exemple, un dépôt de 20 000 francs Cfa devenait par la magie de l’informatique… 50 millions de francs Cfa. Trois directeurs généraux de sociétés privées très connues sont activement recherchés pour arrestations alors que les interpellations se poursuivent. Révélations exclusives sur une mafia qui, selon un décompte provisoire, a pompé plus de 250 millions de francs Cfa.

L’affaire est telle qu’un comité a été installé au sein de la Banque de Dakar (BDK) pour tenter de comprendre ce qui s’est passé. Selon nos informations, des clients d’un genre particulier se sont présentés auprès des différentes agences de la banque pour ouvrir des comptes courants. Suite à l’ouverture des comptes, les clients ont procédé à des versements de faibles montants entre 20 000 francs CFA et 50 000 francs CFA, pour approvisionnement de leurs comptes. Rien de plus normal, jusque-là.

Mais voilà, entre la période du 4 mars jusqu’au 11 mars 2019, ces personnes se sont curieusement retrouvées millionnaires avant de procéder à des retraits portant sur de fortes sommes auprès des différentes caisses d’agence de la BDK situées sur la VDN, à la Zone industrielle et à la Place de l’indépendance. Parmi ces drôles de clients, trois hommes d’affaires sénégalais, directeurs généraux de sociétés privées très connues. Le trio est activement recherché.

12 000 « s’envole » à 12 millions puis 52,5 millions

Le premier a ouvert un compte dans les livres de BDK le 26 février 2019. Il a versé, lors de l’ouverture de son compte, la somme de 50 200 francs CFA. Toutefois, ledit montant a été frauduleusement porté à 50 millions 50 mille francs CFA. Dès lors, il s’est présenté à l’agence de la VDN, le 4 mars 2019 pour effectuer des retraits respectifs de 5 millions et de 36 millions. Mieux ou pire, le 8 mars 2019, il a effectué un retrait de 4 millions 800 mille à l’agence de la BDK sise à la zone industrielle. Au total, il a fait des opérations frauduleuses pour la rondelette somme de 45 millions 800 mille.

Le deuxième a ouvert son compte le 4 février 2019 et, le 26 février, y a versé un montant de 12 000 francs Cfa. Puis, comme par magie, son compte est crédité de 12 millions 12 mille francs CFA. De suite, il a effectué deux retraits respectifs par chèque de 500 mille et de 3 millions 500 mille à l’agence de la VDN. Dans cette mouvance, il a fait un « tour » aux agences de la Zone industrielle et de la Place de l’indépendance pour effectuer respectivement des retraits frauduleux par chèque de 4 millions 500 mille et de 3 millions 300 mille. En somme, il aura exécuté quatorze opérations frauduleuses portant sur 52 millions 500 mille.

Le troisième, qui se fend parfois de contributions dans la presse pour donner des leçons de… bonne gouvernance au régime a fait quatre 4 retraits d’un montant total de 38 millions 688 mille 700 francs Cfa.

« Nigerian connexion »

A côté de ces hommes d’affaires sénégalais sous le coup d’un avis national de recherche, on retrouve le clan des Nigérians et des Burkinabé, en l’occurrence les nommés Onwuma Victor Oderochukwu, Onwuma Chiké et Tougma Hermann tous arrêtés et déférés au parquet depuis avant-hier. Ils ont effectué respectivement des transactions frauduleuses d’un montant de 45 millions 100 mille francs Cfa, 50 millions et 15 millions, toujours suivant le même mode opératoire.

L’enquête ouverte par la Division spéciale de lutte contre la cybercriminalité (Dsc) a permis, dans un premier temps, d’arrêter en flagrant délit un des mis en cause présumés. En effet, comme le reste de la bande Mkawor Tochukwa Christian, de nationalité nigériane, a ouvert son compte le 7 mars 2019 avec un versement initial de 10 mille francs Cfa. Ledit dépôt a été manipulé frauduleusement pour être porté à… 27 millions 409 mille 800 francs Cfa.

Voulant tenter de retirer ladite somme, à la date du 12 mars 2019, Mkawor s’est présenté à l’agence Place de l’indépendance de la BDK en possession d’un chèque de 27 millions. Alors qu’il se frottait déjà les mains dans un salon en attendant la remise des fonds, il sera cueilli sur place et conduit au siège de la Dsc, à la Cité police. Pour parer à toute éventualités, la BDK prend immédiatement des mesures conservatoires internes pour faire une opposition sur les comptes incriminés.

Interrogé sous le régime de la garde à vue, Mkawor, avoue avoir ouvert son compte dans les livres de la BDK sur la demande de son compatriote Odera Ayanwu qui l’héberge dans son appartement. Ce dernier lui aurait fait savoir que son passeport est expiré et que son frère résidant en Chine devait lui envoyer de l’argent pour ses affaires. Le transport effectué par les enquêteurs dans l’appartement sis à la Cité Fadia a permis d’interpeller sur place les nommés David Chibuike Emereole, de nationalité nigériane, et Marie Angèle Banna Djiba de nationalité sénégalaise. Interrogés sommairement sur les faits objet de l’enquête, ils ont clamé fermement leur innocence tout en niant avec véhémence toute participation à cette affaire.

Entendu à son tour, David Chibuike Emereole, a déclaré être un colocataire du nommé Eke Ugbu Ukiwe alias Kris suspecté d’avoir bénéficié d’un important virement d’argent. Il a soutenu qu’il ignore les activités de ce dernier et la provenance de ce virement. Les investigations menées ont permis d’identifier, de localiser et d’interpeller un autre bénéficiaire des virements frauduleux : le Sénégalais Assane Diarra. Ce dernier a confirmé avoir ouvert un compte à son nom sur demande du nommé Chima Njoku. Cuisiné sur la provenance de ces fonds frauduleux, il a expliqué qu’un jour, le nommé « Chima » qui se trouve être son voisin à Malika, l’aurait approché en lui disant que son frère établi en Malaisie devait lui envoyer de l’argent mais il ne détenait pas de compte. Sur ce, il l’a sollicité pour ouvrir un compte au niveau de la Banque de Dakar.

Croyant avoir affaire à une personne de bonne foi, dit-il, il s’est rendu personnellement au niveau de l’agence se trouvant à la place de l’indépendance où il a ouvert un compte courant. A son retour, soutient-il, il lui a communiqué le numéro du compte. Deux jours après, a-t-il-affirmé, le nommé Chima a eu à le contacter au téléphone afin de lui faire savoir que son frère a effectué un virement de cinq millions. Sur ce, ils se sont rendus à l’agence BDK se trouvant à la VDN pour retirer l’argent. En guise de commission, il assure n’avoir reçu que 150 mille.

 

 

Avec Seneplus