A l’occasion de la campagne pour l’élection présidentielle qui vient de s’achever, au moins trois candidats sur les cinq en compétition ont présenté un programme en matière de numérique à savoir Macky Sall, Idrissa Seck et Ousmane Sonko.
Les deux autres, Issa Sall et Madické Niang, ont certes évoqué la question mais ils ne l’ont pas fait de manière aussi systématique. Toujours est-il que c’est la première fois que des candidats à l’élection présidentielle accordent autant d’importance au numérique même si par le passé certains avaient pu faire des propositions relevant des technologies de l’information et de la communication (TIC) comme l’on disait à l’époque.
Le fait que des candidats aient jugé nécessaire de proposer une vision en matière de numérique montre, s’il en était besoin, toute l’importance qu’occupe désormais cette problématique au sein de la société sénégalaise. C’est ainsi que Macky Sall a proposé, parmi ces cinq initiatives majeures, de « promouvoir une société apprenante et une économie de l’innovation » avec notamment comme mesures-phares, la création sur une période de dix ans de trente mille places dédiées aux technologies de l’information à travers les instituts supérieurs d’enseignement professionnel (ISEP), l’Université virtuelle du Sénégal (UVS) et les licences professionnelles dans les universités, la mise en service du Parc de technologies numériques (PTN) de Diamniadio doté d’un incubateur d’entreprises numériques et la réforme de la Poste pour en faire un acteur majeur en crypto-monnaie dans la sous-région ouest africaine sur la base de son expérience dans le domaine des services de transferts monétaires.
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De son côté, Idrissa Seck a proposé comme mesures-phares, la création d’un cloud public, la fusion de tous les services en charge de l’information publique (Direction des archives, Commission de protection des données personnelles, etc.) en une autorité administrative indépendante, la numérisation de l’Etat-civil, l’accélération des téléprocédures et la mise en œuvre effective et fonctionnelle de la plateforme service public qui prendra en charge les demandes des citoyens avec des délais de traitement ne dépassant pas 48h, la généralisation de l’accès au numérique à tous les niveaux du système éducatif sénégalais, la création d’une autorité indépendante de régulation des médias et des télécommunications, le déploiement d’une infrastructure fibre de qualité très haut débit sur le territoire national, la suppression de la publicité commerciale à la RTS et son attribution exclusive aux médias audiovisuels privés ou encore l’instauration d’une redevance audiovisuelle plafonnée à 1000 FCFA sur les factures d’électricité au profit des médias audiovisuels publics.
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Enfin, à travers ses « solutions numériques », Ousmane Sonko s’est voulu plus systématique en proposant un programme prenant en compte tant le cadre institutionnel et réglementaire que le capital humain, les défis du numérique ainsi que la transformation numérique. Parmi ses propositions-phares, on note la volonté de consacrer dans la constitution l’accès universel au numérique comme un droit fondamental de même que la protection des données personnelles, l’approche de la souveraineté numérique comme une composante essentielle de la souveraineté nationale, l’élaboration d’une loi spéciale instituant un mécanisme spécifique de financement du numérique et la définition des projets nationaux structurants, l’obligation de mutualisation des infrastructures, le lancement d’un grand programme en faveur de la création de contenus culturels numériques, la création d’un fonds à participation publique et privée pour financer l’amorçage des startups et des projets innovants, la promotion de l’usage de cartes à puces multifonctions et sécurisées adossées à des établissements bancaires pour le paiement des taxes et redevances dus à l’Etat et le versement des allocations de toutes sortes que l’Etat verse à des ayants droits ou encore le lancement de projets pilotes en matière de drones, d’Internet des objets, de blockchain, d’intelligence artificielle et de Big Data.
Maintenant que le temps des promesses de campagne est derrière nous, il reste à relever le défi consistant à positionner le Sénégal comme un pays leader dans le domaine du numérique et le moins que l’on puisse dire est qu’il y a du travail à faire.
En effet de pays pionnier dans les années 90, le Sénégal s’est lentement mais surement fait dépasser par nombre de pays qui, à l’époque, ne représentaient rien en la matière à l’image du Kenya. Dès lors, il faut que les politiques publiques qui seront mises en œuvre permettront de repositionner notre dans un contexte où le numérique est devenu hégémonique.
Alex Corenthin
Secrétaire aux relations internationales
Osiris.sn