Le mobile money connaît un succès colossal en Afrique subsaharienne. Fin 2014, un volume de 259,3 millions d’opérations correspondant à plus de 3500 milliards FCFA a été enregistré dans l’UEMOA seulement. A ce jour, on dénombre plus de 100 millions d’utilisateurs actifs au sud du Sahara. Dans ces conditions, comment imaginer des perspectives sombres alors que ce service est en croissance permanente ?
Selon Rembert Namy, Directeur Business Consulting et Services Financiers Mobiles chez Sofrecom, le développement du mobile money pourrait s’essouffler : « Le service va atteindre ses limites parce que le mobile money est toujours géré en modèle fermé, ou « closed loop ». C’est-à-dire que chaque opérateur réserve l’usage de son service de mobile money à ses seuls clients.
Interrogé à ce propos par CIO Mag lors de la première édition du salon « Mpay Forum » qui s’est tenue le mai 9 mai à Casablanca (Maroc), M. Namy ajoute : « Sur 500 millions de comptes de mobile money à travers le monde, seuls 150 millions sont actifs. Cela signifie que 350 millions d’utilisateurs, pourtant inscrits, sont encore réticents à utiliser le service. » S’il constate donc « qu’il existe un dernier verrou à faire sauter », l’interopérabilité constitue à ses yeux le levier capable de « transformer ces systèmes de mobile money en systèmes de paiement dits universels ou « open loop » et d’en renforcer l’attractivité afin de recruter de nouveaux utilisateurs et d’identifier les usagers.»
L’établissement de corridors de transferts de fonds internationaux constitue « le grand challenge du mobile money demain en Afrique subsaharienne », assure Rembert Namy. « Dans ce cadre, l’interopérabilité sera un facteur d’accélération fondamental car elle simplifiera les transferts : l’envoyeur n’aura plus à se soucier de vérifier la comptabilité du transfert avec l’opérateur du bénéficiaire. »
Un autre avantage inhérent à l’interopérabilité des services mobile money : le développement du paiement marchand, qui reste un élément clé de l’écosystème du paiement digital. Dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, le mobile money est presque exclusivement un outil de transfert d’argent de personne à personne (« peer-to-peer »). Il n’est pas encore utilisé pour régler des achats, que ce soit dans les réseaux de distribution physiques ou online.
Les solutions d’interopérabilité permettent aux commerçants de disposer d’une interface unique pour que le client puisse effectuer ces paiements, quel que soit son opérateur de mobile money et sans que le commerçant ait à disposer de trois ou quatre terminaux de paiement comme on peut encore le voir dans certains pays pour les paiements par carte », argumente le directeur Business Consulting et Services Financiers Mobiles de Sofrecom. Au-delà, nombre de nouveaux usagers devraient pouvoir se développer grâce à l’interopérabilité. C’est par exemple le cas du versement de salaires.
Lire aussi : WorldRemit rejoint la galaxie des services de Huawei accessibles à plus de 100 millions de comptes mobile money
En Afrique, constate-t-il, « beaucoup de gens sont encore payés en espèces, ce qui génère de la complexité, des risques et des coûts pour l’employeur mais s’avère également peu sûr pour le salarié. Dans ce contexte, disposer d’un système interopérable qui permette à un salarié, quel que soit son opérateur de mobile money, de percevoir son salaire de manière électronique, instantanée et sécurisée présente de forts intérêts pour les employeurs et leurs collaborateurs. »
Pour Rembert Namy, le lancement d’une offre mobile money fait partie de la transformation digitale d’un opérateur télécoms. Et l’une des missions de Sofrecom est d’accompagner les opérateurs dans la mise en œuvre de ce type de projet indispensable pour se différencier sur leur marché. « Notre rôle est d’aider nos clients opérateurs sur leurs principaux chantiers de transformation, que ce soit la digitalisation de la relation client, le lancement d’offres sur de nouveaux territoires de croissance comme les services financiers ou le B2B, ou encore la transformation RH et la conduite du changement », détaille M. Namy.
Source : Cio-mag.com