vendredi, novembre 22, 2024

Pape Bâ Gahn «Il ne suffit pas d’avoir une idée ingénieuse mais il faut avoir une idée qui marche»

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Pape Bâ Gahn, ce jeune sénégalais qui n’est plus à présenter dans le milieu de l’entrepreneuriat en Afrique, a accordé un entretien exclusif à Publi Tech Echo depuis l’Arizona aux Etats-Unis.

Il nous entretient ici des différents business model qui ont marché à l’échelle continentale dans le domaine de l’entrepreneuriat web. Mais également la chance qu’ont les jeunes africains dans l’affirmation de services de qualité et réduire le gap du chômage grâce à internet.

Publi Tech: Comment définirez-vous selon votre expérience entrepreneuriat au Sénégal? En Afrique?

Pape G. Bâ: Selon mon expérience l’entrepreneuriat au Sénégal, en Afrique est en pleine effervescence et est en train de se construire. Les écosystèmes se consolident peu à peu avec les synergies d’actions des parties prenantes notamment dans les pays du centre et de l’Est. Revenant sur le cas du Sénégal il faut noter que beaucoup d’initiatives sont en train d’être développées pour renforcer l’écosystème notamment dans le cadre des services d’accompagnement des entrepreneurs (appui technique, formation et financement); bref tous les services BDS – «Business – Development – Service».

Il faudra aussi noter qu’il y’a des limites dans l’écosystème surtout dans le financement qui reste le maillon faible car nous n’avons pas de fonds d’investissements propres, de Business Angels. Le Crowdfunding n’est pas assez utilisé par nos entrepreneurs  et les fonds de garantie existants peinent à satisfaire la demande. Les banques classiques mettent des conditions que n’ont pas les jeunes entrepreneurs qui démarrent. Mais en dépit de tout cela le bootstrapping, l’investissement Pro Bono, l’investissement sur fonds propres marchent et les entrepreneurs malgré les difficultés arrivent à être en position de Start Up…

Publi Tech: Au niveau de votre centre d’incubation quel sont les projets d’entrepreneuriat les plus mis en exergue?

Pape G. Bâ: Au niveau du centre d’incubation dans lequel j’ai eu à travailler comme Catalyst qui est l’incubateur de Synapse Center nous accompagnons des entrepreneurs sociaux avec des projets à fort impact social notamment dans des secteurs que nous pensons important dans le développement du pays notamment dans l’Agro business, les TIC pour le développement et l’Economie Verte.

Publi Tech: Le web est devenu aujourd’hui un outil révolutionnaire pour beaucoup de jeunes africains. Comment analysez-vous cette opportunité en termes entrepreneuriat?

Pape G. Bâ: Le web est un outil magnifique qui donne des opportunités aux entrepreneurs du monde entier pour explorer le champ des possibles. Et je pense que l’Afrique ne devrait pas rater ce tournant de l’histoire. Car il faut mettre cette opportunité au service du développement du continent.  Tous les secteurs ont besoin du web notamment dans le développement de plateformes et plus loin, d’applications pouvant apporter une plus-value dans la délivrance des services pour les utilisateurs. Au Sénégal nous avons noté ses dernières années un engouement réel dans ce secteur surtout dans le développement de plateformes et d’applications et je pense qu’il faut stimuler cette dynamique, la soutenir en finançant  les projets pour une durabilité.

Publi Tech: Le web, oui ! Mais quel modèle en Afrique?

Pape G. Bâ: Oui il nous faut penser à notre propre business model qui colle à  nos réalités du terrain. MPESA  a marché, un modèle de paiement que tout le monde entier loue et c’est parti d’Afrique, du Kenya précisément. Tap and Go marche bien en ce moment au Rwanda et peut être un modèle que nous pourrions tester pour le continent. La principale difficulté reste les moyens de paiement en ligne qui permettront aux projets web de générer des revenus. Et je pense que ce palliatif peut être réglé rapidement avec l’apport du «mobile payment » en Afrique. L’autre atout que nous avons est que le taux de pénétration du mobile en Afrique est très élevé et constitue un atout majeur pour le continent. Nous devons juste prendre cette donne en compte et nous adapter en fonction.

Publi Tech: Pensez-vous que les jeunes africains (francophones surtout) réussiront à bâtir de grands Trust à l’instar du géant Facebook ou Google?

Pape G. Bâ: Oui s’ils arrivent à trouver le modèle qui marche et qui passe à grande échelle, ils peuvent y arriver. D’autant plus que le marché avec les futures possibilités en développement  se trouvent actuellement en Afrique. USHAIHIDI  & BRCK sont parti du Kenya et ont été utilisés comme des modèles de réussite partout dans le monde. Les jeunes doivent juste penser aux business model(s)  qui marchent et comment passer en échelle pour y arriver.

Publi Tech: En termes de business model, est-ce que les jeunes africains peuvent être compétitifs sur le web?

Pape G. Bâ: Oui des entreprises aujourd’hui en Afrique le réussissent avec des moyens de paiement adaptés. Il faut juste penser au modèle de génération de revenus mais très souvent c’est là où les entrepreneurs pèchent. Un business model clair est important au départ et il faudrait que cela soit contextualisé à notre éco système. J’ai l’habitude de dire

Une idée que l’on peut modéliser avec un système de génération de revenus clair et un marché porteur.

Publi Tech Echo: Dans quel secteur conseillerez-vous les jeunes à plus s’investir dans le web?

Pape G. Bâ: Dans ce que j’appelle les opportunités du web pour le développement notamment le développement de plates formes et applications pour les secteurs prioritaires (agro-business, éducation, santé, environnement, e-commerce, transport) … Bref partout où le besoin se  présentera il faudra travailler à le « digitaliser».

Publi Tech EchoVos conseils à la jeunesse africaine

Pape G. Bâ: De ne pas baisser les bras. Le défi aujourd’hui en Afrique est d’utiliser nos ressources et de former nos propres écosystèmes. Et nous avons tout pour réussir ce pari. L’avenir se joue en Afrique et les puissances étrangères l’ont compris. Il faudrait que notre jeunesse se positionne en offrant les services nécessaires sur toutes les niches. Pour cela l’acquisition de compétences s’impose,  l’investissement en temps et en ressources dans l’entrepreneuriat.

Source : PubliTech