Allocution du Président du Réseau des journalistes en TIC (REJOTIC) lors de la « Matinée du Numérique » portant sur le thème : « La cybersécurité, enjeux et défis pour un pays émergent »
Monsieur le Représentant du Président d’OPTIC ;
Monsieur le Représentant du ministre des Postes et des Télécommunications ;
Mesdames et Messieurs les membres du bureau d’OPTIC ;
Mesdames et Messieurs les membres d’OPTIC ;
Mesdames et Messieurs les membres du bureau du Réseau des journalistes en TIC (REJOTIC) ;
Chers membres du REJOTIC ;
Mesdames et Messieurs ;
C’est une vérité de Lapalice. Le numérique connaît un essor sans précédent. Un peu partout dans le monde, le digital est au cœur de la croissance. Celle-ci est, d’ailleurs, ressentie par la plupart des pays du continent africain. Selon les prévisions du Forum économique mondial, plus du tiers des compétences les plus importantes vont changer de travail durant ces quatre prochaines années. Une situation qui est due à la 4 ème révolution industrielle qui se profile à l’horizon, celle du Big Data.
Pour autant, avec le foisonnement des données, cet or du 21 ème siècle, aucun citoyen, aucun pays voire aucune entreprise n’est à l’abri des cyberattaques. Nos données sont de plus en plus prisées. Elles sont au cœur des questions économiques, énergétiques, sanitaires mais aussi et surtout géostratégiques. Loin s’en faut, cette tendance va s’accentuer au cours des prochaines années. En atteste cette étude EMC2-Le Monde-CNRS. Elle indique que :
- -30 fois plus de données seront générées d’ici à 2020 ;
- -30 milliards de contenus sont échangés chaque mois sur Facebook ;
- -Twitter génère 7 téraoctets de données par jour.
Dès lors, vous pouvez aisément comprendre, ce qui peut bien pousser des Etats, organisations et des cyberpirates à vouloir s’arracher à tout prix cette masse d’informations. Internet, ce « Réseau des Réseaux », est l’endroit où les citoyens, les Etats, entreprises et autres organisations communiquent, échangent et stockent des données via les e-mails, les réseaux sociaux et grâce au cloud computing, l’Internet dans les nuages. Toutes ces données font de la « Toile » le lieu de toutes les opportunités et de tous les dangers. Toutes les tierces, les secondes, les minutes et heures, des usagers du Net sont victimes d’arnaques et d’escroqueries venant de personnes mal intentionnées. C’est d’autant plus vrai que ces cas de cybercriminalité sont monnaie courante sur la Toile. Et le Sénégal n’échappe pas à cette réalité planétaire. D’ailleurs, une étude de Kaspersky place notre pays au 71 ème rang du pays le plus attaqué par les hackers. Cette étude montre aussi une augmentation considérable des cyberattaques dans l’espace Cédéao depuis ces 15 derniers mois. Cette situation s’explique par le développement des infrastructures de Télécommunications et par un important taux de pénétration Internet. Les conséquences sont énormes au regard d’une étude réalisée par le FBI. Celle-ci classe 3 pays Africains parmi les 10 premières sources de cyberarnaques. Il s’agit du Nigeria (3 e ), du Ghana (7 e ) et du Cameroun (9 e ).
Cette étude, publiée dans la dernière note stratégique sur la cybermenace en Afrique de l’Ouest par la CEIS, ajoute que le nombre de cyberescroqueries aurait atteint les 132 pour cent entre 2013 et 2015. Ce qui représente une manne financière estimée à 2,7 millions de dollars. Mais, le rapport conclut que seuls 30 pour cent des escrocs numériques ont été arrêtés. Ce qui est peu au regard des dégâts causés par ces derniers. On recense d’autres cas de cyberattaques. En 2014, par exemple, le collectif Anonymous Senegal a piraté 47 sites du gouvernement sénégalais. L’année suivante, Anonymous récidive en attaquant à nouveau le serveur qui héberge les sites du gouvernement. Des actes de ce genre prolifèrent dans d’autres pays de la région notamment au Nigéria où Boko Haram utilise les mêmes procédés de propagandes que l’Etat islamique, organisation à laquelle elle a prêté allégeance pour recruter dans ses rangs tout en revendiquant des meurtres ignobles.
La dernière forte actualité de cybercriminalité a révélé au grand jour une pratique dénommée « cryptolockers ». Cette dernière consiste à utiliser des logiciels qui cryptent vos données tout en demandant une rançon pour les déverrouiller. Les dégâts sont énormes. Des hôpitaux britanniques, l’opérateur Télécom Téléfonica, le constructeur français Renault ont été touchés par cette faille de Windows pourtant gardée secrète par l’Agence américaine de sécurité, la NSA. Pourtant elle a été, dans un passé récent, pointé du doigt par un de ses anciens Agents, Edward Snowden. Il avait révélé un vaste programme d’espionnage de la NSA. Vous l’avez donc compris, le cybersespace s’est bel et bien transformé en un endroit où se déroule une « guerre économique » sans merci qui crée petit à petit une « quatrième armée » qui a pour principal rôle de contrer les sempiternelles velléités des cyberpirates. C’est dans cette optique que la France compte recruter 2600 « combattants numériques » en 2019.
Monsieur le Président d’OPTIC ;
Monsieur le Représentant du ministre des Postes et des Télécommunications ;
Mesdames et Messieurs les membres du bureau d’OPTIC ;
Mesdames et Messieurs les membres d’OPTIC ;
Mesdames et Messieurs les membres du bureau du Réseau des journalistes en TIC (REJOTIC) ;
Chers membres du REJOTIC ;
Mesdames et Messieurs ;
Face à la maîtrise technique des outils du web par les cyberpirates et à leur excellente organisation, le REJOTIC appelle les pouvoirs publics à doter le Sénégal d’un CERT à l’image du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Ghana et du Mali et à renforcer les formations dans le domaine de la sécurité économique. Il urge également de partager des pratiques, de multiplier la coopération inter-Etats pour venir à bout des cyberattaques, des cybermenaces et autres cyberterroristes. C’est pourquoi, la protection des infrastructures de Télécoms doit davantage préoccuper nos dirigeants. A l’heure où la menace terroriste est réelle et passe par le cyberespace, les pays de la Cédéao doivent davantage unir leur force en harmonisant leurs cadres juridiques et règlementaires. Ces derniers ont rendez-vous avec l’histoire. A eux seuls, ils peuvent adopter la Convention de l’Union africaine dite celle de Malabo. Puisque celle-ci n’a besoin que de 15 signatures.
L’objectif est d’instaurer une coopération judiciaire et policière entre ces Etats en matière de cybersécurité. Mesdames et Messieurs, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne et fructueuse matinée du numérique.