mercredi, décembre 25, 2024

Ces maux qui gangrènent les radios et télévisions sénégalaises

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Les médias servent de plus en plus de caisse de résonance aux drames quotidiens des populations en situation de détresse. Dans le traitement des faits divers, les radios et télévisions sénégalaises font la promotion d’une forme « d’esthétique de l’insoutenable » .

Selon le Collège du CNRA, au Sénégal, il y a des contenus audiovisuels qui exposent des consciences innocentes et portent souvent atteinte à la cohésion nationale, l’intégrité et au respect des institutions républicaines.

L’Avis du premier trimestre de 2017 du Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) a décelé plusieurs dysfonctionnements et manquements dans les émissions des radios et télévisions les plus populaires du pays.

En effet, à travers son service de monitoring, la « police de l’audiovisuel » a procédé, durant la période du 1er janvier au 31 mars 2017, à un échantillonnage portant sur 3587 contenus audiovisuels diffusés par 5 Radios et 10 Télévisions, selon les critères suivants : langue utilisée, format des programmes, thématique abordée, signalétique.

Ainsi, 1606 émissions diffusées sur: RADIO SENEGAL, REWMI FM, RFM, SUD FM et ZIK FM ont été suivies.

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Quant aux télévisions, c’est 1981 émissions de : 2STV, DTV, LAMP FALL TV, LCS, MOURCHID TV, RDV, RTS, SEN TV, TFM et WALF TV.

En conséquence, cela a permis de constater des dysfonctionnements et manquements concernant la place de l’éthique et de la déontologie, de la protection du jeune public, du pluralisme et de la diversité et, enfin, de la publicité.

Tout d’abord en ce qui concerne l’éthique et la déontologie qui est à 44 %, plusieurs manquements ont été relevés. Parmi lesquels il y a :

_le non- respect de la vie privée, de l’honneur et de l’intégrité de la personne humaine.

L’invité principal d’une émission politique diffusée à la télévision dit ouvertement qu’il n’accorde aucun crédit à une personnalité qui représente une haute juridiction de notre pays.

_l’évocation de thèmes graves, difficiles et sensibles comme le viol et l’infanticide, sans précautions ni compassion. D’après le CNRA, certains animateurs ne se soucient pas de « l’impact que peut avoir l’évocation de scènes ou de situations insoutenables et, sans hésiter, se livrent à des commentaires et/ou plaisanteries déplacés, destinés au public. »

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Dans une émission radiophonique de faits divers, on livre aux auditeurs l’histoire d’une jeune femme accusée de relation extra-conjugale et de grossesse, sans preuve de sa culpabilité ni précisions sur le déroulement des faits, sans tenir compte des conséquences psychologiques que pourraient avoir, sur elle ou sur ses proches, ces déclarations concernant sa vie privée.

_l’incitation à des pratiques ou comportements délinquants ou incivique. Ici, il donne l’exemple d’une émission matinale où certains participants appellent à la justice populaire contre les personnes accusées d’agressions physiques envers les populations.

_ non- respect de la présomption d’innocence. Le Conseil attire l’attention sur une personnalité invitée sur un plateau de télévision qui traite un homme public de « voleur » sans aucune retenue alors que l’affaire concernant celui- ci est encore pendante devant la justice.

Ensuite, vient l’enfance et l’adolescence avec 32 %.Ce qui dérange le CNRA c’est la programmation à des heures indues de contenus à caractère violent et/ ou inapproprié sans signalétique. Ce qui est grave dans ces émissions c’est l’évocation de la drogue, du suicide, de l’inceste, de la violence conjugale, de la violence envers les enfants, des infanticides, des meurtres, des actes sexuels…

Il rappelle que certains programmes audiovisuels pouvant troubler les enfants de -12 ans, ne doivent pas être diffusés avant 22h, notamment lorsque le scénario recourt à la violence physique ou psychologique, à la représentation d’actes sexuels.
Puis, vient le pluralisme et la diversité qui occupe 4%. Le non-respect de l’équilibre dans le traitement de l’information est flagrant. Car on ne doit pas mettre en doute la moralité ou l’honnêteté d’un tiers sans lui donner aussi la possibilité de défendre, par les mêmes canaux, son intégrité ou sa réputation.

En même temps, il a été noté un non- respect du pluralisme de l’expression des courants de pensée et d’opinion, de l’accès pluraliste des formations politiques, des syndicats et des organisations de la société civile à l’antenne.

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pour étayer ce non– respect du pluralisme, le Conseil donne l’exemple de cette retransmission en direct d’une journée de lutte dans laquelle un animateur-commentateur s’est servi du plateau comme tribune, pour relayer des propos personnels, faire valoir ses sentiments sur des sujets à caractère politico-judiciaire concernant des hommes politiques.

Enfin, nous avons la publicité avec 20%. Evidemment, c’est le même constat fait par les auditeurs et téléspectateurs sur les publicités diffusées tous les jours : non – conformité aux exigences de vérité, de décence, de respect de la personne humaine et de sauvegarde de la santé des populations.

Les concernées sont au nombre de deux. D’abord, la persistance de la publicité mensongère qui, au profit de soi- disant guérisseurs, de professionnels de la voyance viole la loi n° 83-20 du 28 janvier 1983 relative à la publicité. Ensuite, la persistance de publicité incitant à l’usage de produits destinés à la dépigmentation.