Devenu quasiment indispensable partout sur le continent, le mobile money continue d’envahir le continent. Son impact est tel que les autorités publiques africaines ont décidé de favoriser la création de ces services et de mieux les encadrer.
D’après un rapport du groupe d’analyse et de recherche britannique The Economist Intelligent Unit, la Tanzanie est le premier pays d’Afrique en termes de mise en place de réformes favorables à l’inclusion financière de la population. Une situation due en partie à la floraison de services de paiement mobile dans le pays. Le gouvernement tanzanien a récemment décidé de mieux encadrer leur activité.
Activités séparées en Tanzanie
En application du National Payment Systems Act et de l’Electronic Transactions Act adoptés en 2015, les opérateurs de téléphonie mobile fournissant des services financiers sur mobile en Tanzanie devront séparer leurs activités de téléphonie de leurs services financiers sur mobile. Ainsi, en 2017, Vodacom (M-Pesa), Airtel (Airtel Money), Tigo (Tigo-Pesa), Zantel (Z-Pesa) et Halotel (V Money) devront ouvrir des filiales uniquement réservées au mobile money.
Selon la Banque centrale de Tanzanie, cette décision vise une meilleure protection des consommateurs. « Les candidats doivent fournir des détails qui visent à protéger l’argent des clients. Nous voulons terminer cet exercice à la fin de cette année », a expliqué Bernard Dadi, le directeur du système national de paiement à la Banque centrale de Tanzanie. L’opérateur télécom Halotel est le premier à obtenir sa licence pour ouvrir une filiale mobile money. Bernard Dadi a expliqué que, dans le cas de Halotel, il « a été facile pour nous d’évaluer leurs arguments parce qu’ils sont tout à fait nouveaux sur le marché et n’ont pas eu à répondre à autant de questions que les entreprises qui existent sur le marché depuis beaucoup plus longtemps ». Le responsable a ajouté que la Tanzania Revenue Authority vérifiera également la conformité fiscale du demandeur de licence pour l’ouverture d’une filiale mobile money. Vu l’importance que prend le paiement mobile dans l’économie du pays, le gouvernement semble décidé à offrir un meilleur cadre juridique à ce type de services.
Réduire le cash en circulation
Au Bénin, le préfet du Littoral a instauré le mobile money dans les supermarchés pour combattre les attaques à main armée. Depuis le 17 octobre 2016, dans le département du Littoral, les achats d’une valeur égale ou supérieure à 50 000 FCFA sont réglés par mobile money dans les supermarchés et hypermarchés de Cotonou. Cette mesure est une application de l’Arrêté préfectoral N°8/0243/DEP-LIT/SG/SPAT/SA portant instauration de l’usage des moyens de paiement dématérialisés dans les supermarchés et hypermarchés.
A travers l’usage de MTN Mobile Money ou du service Flooz de Moov, le préfet Modeste Toboula veut limiter les risques d’attaques à main armée, de plus en plus récurrentes dans les établissements marchands. Le préfet du Littotal estime qu’avec les moyens de paiement numériques pour les grosses sommes, le volume le plus important de l’argent encaissé par les établissements commerciaux ne demeurera plus dans leurs caisses mais sera directement reversé sur leur compte bancaire. De ce fait, ces établissements ne seront plus des cibles de choix pour des braqueurs en quête de fortes liquidités. Les usagers de ces espaces marchands seront alors un peu plus à l’abri de ces actes criminels. Mais au-delà de l’aspect sécuritaire, cette mesure fait un peu plus entrer le mobile money dans les habitudes quotidiennes des populations. Un constat qui pousse même les banques à s’y lancer.
Ecobank se lance dans le paiement mobile
Ecobank a annoncé le déploiement de son service de banque mobile d’ici la fin 2016 dans les 33 pays d’Afrique subsaharienne où la banque est présente. Appelé Masterpass QR, le service est déjà actif au Nigeria. « Il permettra à des millions de micro, de petites et de moyennes entreprises du continent africain d’accepter les paiements électroniques rapides et sécurisés », a expliqué le groupe panafricain. Créé grâce à un protocole d’accord signé avec Mastercard, « Masterpass QR permet de tirer parti des avantages du numérique pour intégrer des millions de personnes dans le secteur financier formel. La finalité d’Ecobank est de bâtir une banque panafricaine d’envergure mondiale et de contribuer à l’intégration et au développement économique et financier du continent africain », informe Ade Ayeyemi, le directeur général d’Ecobank. Pendant ce temps, les opérateurs télécoms du continent continuent de lancer et d’améliorer leurs offres de paiement mobile.
En Algérie, Mobilis prépare son service de paiement mobile
Mohamed Habib, le PDG de Mobilis, a annoncé que la société était techniquement prête pour le paiement mobile. Selon lui, l’opérateur n’attend que l’Assemblée nationale, où le texte législatif qui encadre les paiements via mobile sera bientôt discuté. Pour Mohamed Habib, ce type de service est très important pour atteindre la dématérialisation financière et le développement de l’économie numérique que recherche le gouvernement. A travers cet outil, « c’est une couche de la population qui sera concernée par la dématérialisation du paiement (…) Si tous les Algériens n’ont pas un compte en banque ou un compte postal, ils ont, par contre, une ligne mobile », a expliqué le patron de la branche mobile d’Algérie Télécom. Mobilis a conçu son service de paiement mobile en collaboration avec la Banque Nationale d’Algérie, qui a contribué à tous les tests effectués par l’opérateur. L’Algérie est l’un des rares pays d’Afrique où le mobile money, pourtant développé chez ses voisins, n’est pas encore utilisé.
Olivier De Souza pour le magazine Réseau Télécom No 86
(Source : Agence Ecofin, 29 janvier 2017)