Ils ont le doigt agile sur le clavier, l’imagination fertile et un sens de l’analyse précise en Informatique. Bienvenue dans l’ère de l’entreprenariat web et dans l’aire des solutions technologiques.
« Welcome to Technoland. Nul n’entre ici s’il n’est technophile ! ». C’est la phrase d’accueil inscrite sur la porte d’entrée de Ikane Company, la start-up établie au sein de l’Ecole polytechnique du Sénégal (ESP).
La chevelure en afro, Ibrahima Kane, en chemise pagne assortie d’un jean bleu est élève ingénieur au département du Génie Informatique. Il dirige la petite entreprise innovante. « Avec quelques camarades, nous avons créé une compagnie en ingénierie informatique », lance-t-il avec fierté.
Ici, pas de climatiseur, ni de grand espace rempli d’ordinateurs ou de serveurs. Juste un ventilateur qui brasse l’air et un ordinateur connecté à un écran de télévision qui sert de moniteur de commande. « Nous avons transformé nos chambres en bureaux improvisés », ajoute-t-il, l’air décontracté. La chambre 13 du pavillon F du campus social de l’ESP est le centre des opérations. « C’est notre workspace ». Un espace atypique pour les six étudiants qui forment l’équipe de travail. « L’autre jour le directeur de l’ESP nous a reçus. Il nous a promis des locaux dans l’enceinte de l’école », note Ibrahima.
Quatre fauteuils de bureau et cinq petites tables constituent l’essentiel du mobilier. Deux bannières de Google complètent le décor. Cela offre un design relooké. Un nombre impressionnant de « post-it » de différentes couleurs embellissent les murs, comme pour rappeler les différentes tâches à effectuer. L’ambiance, ce mercredi matin est très conviviale. Un calme règne mais en fond sonore, une musique techno américaine emplit l’atmosphère.
Edu-Manager
Ce jour, l’équipe technique, composée de trois membres de la start-up, occupe les lieux. Leur objectif principal est de finir la conception de « Jangando » (qui signifie « Apprenons ensemble » en wolof). « C’est un kit complet de logiciels et de services qui va révolutionner l’enseignement au Sénégal et, très bientôt en Afrique », rassure Ibrahima Kane. Il s’agit d’une plate-forme de gestion efficace des écoles et universités. « La sortie de la version beta de cet outil est prévue pour Septembre 2016 », annonce avec enthousiasme, le graphiste designer du groupe, Dahaba Sakho, en t-shirt bleu, frappé du logo de la start-up.
Ikane Co. est la première entreprise créée par des étudiants en formation à l’ESP. Immatriculée depuis mars dernier au Bureau d’appui à la création d’entreprise (Bce), elle offre des « services orientés dans les solutions pour l’éducation et pour la santé » ainsi que « des consultances informatiques pour des particuliers avec l’édition et la vente de produits informatiques » informe Saalihou Ndiaye, analyste programmeur portant un tee-shirt rouge à l’effigie d’ « Ikane ».
Merci Pasteur
De l’enceinte de l’ESP, la start-up s’active pour décrocher des marchés dans son domaine de prédilection. Elle attire des regards de renom. C’est ainsi, qu’elle a été retenue par l’Institut Pasteur de Dakar pour concevoir une application de surveillance épidémiologique, au Sénégal. « C’est le seul gros projet que nous avons », indique Ibrahima Kane. « Nous sommes à pied d’œuvre pour qu’il soit une réussite ». Concernant le montant de cette commande, « cela dépasse un million de franc CFA », dit-il.
Ce qui alimente les caisses de l’entreprise provient essentiellement des recettes de la création de sites web et de la location de buzzle (outils permettant de jouer au quiz).
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« Nous avons un contrat d’accréditation pour l’enregistrement et la vente du nom de domaine .SN avec une structure », souligne Ibrahima Kane. De façon générale, la viabilité économique des start-ups pose problème. Comme beaucoup d’autres, Ikane Company ne génère pas assez de ressources pour son réel fonctionnement. « Comme nous sommes encore des étudiants, nous ne nous plaignons pas. Nous avons nos bourses. En plus, la priorité est de bien finir nos études », précise-t-il.
Piqué par le virus de l’aventure entrepreneuriale, ils se disent prêts à se consacrer à l’évolution de leur entreprise, avec le développement des produits en interne. Pour cela, Dahaba Sakho, a choisi d’y effectuer son stage de fin d’études de deuxième année. « Saalihou et moi préférions travailler sur nos projets à Ikane. Ici, nous pourrons continuer à travailler sur nos projets. Et, c’est également de l’expérience pour nous ». Le parfum de détermination et de la passion se fait sentir. « Pour mon mémoire que je dois soutenir en octobre prochain, inch’Allah ! devant un jury, j’ai décidé de travailler sur JANGANDO ». La fougue de la jeunesse amplifiée par le désir de réussir donne du tonus à ces jeunes chefs d‘entreprise qui ont la vingtaine.
Penser Afrique
A chaque entreprise, son leitmotiv. La vision que poursuit Ikane Company est de créer des solutions informatiques « d’inspiration purement africaine ». Riche de ses expériences personnelles et confiant dans les compétences, Ibrahima se projette dans un « futur proche où l’Afrique n’aura plus à s’adapter aux options occidentales mais fonctionnera avec ses propres bases informatiques ».
Malgré le manque de temps, à cause des multiples projets de classe, les activités para-scolaires, les cours et examens, ils s’efforcent de concevoir et de réaliser la majorité des fonctionnalités de leurs différents projets. L’informatique offre de meilleures perspectives d’évolution en matière de développement. Elle est l’outil technologique le plus répandu, de nos jours. Ces jeunes croient dur comme fer qu’elle constitue le moyen le plus efficace pour eux d’embrasser une carrière stable et prometteuse.
Avec le CESTI- UCAD