Pour protéger les enfants des contenus de l’internet, des acteurs ont partagé et validé, samedi, un projet pilote d’éducation aux médias et par les médias. Ce projet, qui bénéficie du soutien du Cnra et du partenariat du Cesti, entend fédérer les initiatives dispersées dans l’exercice de la responsabilité parentale de surveillance, de prévention et de protection des enfants, dans leur consommation médiatique et leurs pratiques sur l’internet.
L’environnement actuel des enfants et des adolescents est marqué par un envahissement d’outils des technologies numériques (ordinateurs portables, Smartphones, tablettes numériques et télévisions numériques terrestres). L’exposition du jeune public aux écrans multiples, aux influences des contenus et des messages véhiculés par les moyens de communication de masse, ouvrant des espaces de liberté d’émancipation précoce et une autonomie cognitive, les installent dans un mimétisme d’autres formes d’expression culturelles et d’affirmation identitaire.
Pour faire face à ce contexte qui désagrège progressivement des normes importantes de l’ordre social, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra), le Réseau des acteurs des professionnels des entreprises et industries culturelles de l’Afrique de l’Ouest et le Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), ont mis en place un projet pilote d’éducation aux médias par les médias. Selon Jeanne Lopis Sylla, conseillère au Cnra, cette rencontre de partage permet de conjuguer les efforts pour améliorer cette situation et y faire face.
« Il a été constaté qu’il y a des nourrissons qu’on place devant la télévision et ils accusent un retard dans le développement psychique et celui du cerveau. Il existe des inconvénients dans l’usage exagéré de la télévision, les enfants sont laissés à la maison par les parents qui vaquent à d’autres occupations. Ces enfants n’arrivent pas à faire la différence entre le réel et la fiction », déplore Mme Sylla, qui indique que ce projet pilote est mis en place pour travailler en synergie avec tous les acteurs afin de faire face aux manquements. De son avis, les parents ont un rôle à jouer et doivent apprendre l’autorégulation qui est difficile à gérer.
Pour l’enseignant chercheur au Cesti, Sellé Seck, au Sénégal, dans la charte des journalistes, il n’existe pas la protection de l’enfance ni de l’adolescence. « Il y a donc une certaine exigence par apport à ce manquement que les acteurs doivent apporter face à cette situation. La déontologie n’est pas une règle figée. A un moment donné de l’évolution sociale, il est possible de se conformer à la situation qui s’impose », juge ce formateur, qui souligne qu’en dehors de la déontologie, il ya l’éthique qui n’est pas codifiable. A l’en croire, c’est un questionnement permanent et le fait d’interroger l’éthique permet de tenir en compte l’intérêt des enfants qui constitue l’intérêt général pour ces êtres qui sont l’avenir du pays.
Le secrétaire général adjoint du Gouvernement, Pape Assane Touré, soutient qu’il y a un dispositif de protection des mineurs sur les contenus qui circulent sur le Net et qui sont de nature à préjudicier les enfants. « Ce dispositif met l’accent sur les obligations qui incombent aux services de communication, aux prestataires de l’internet et les hébergeurs, qui sont rappelés par les cahiers de charges et les lois comme celle de 1983 sur la publicité. Ces dispositifs sont assortis de sanctions, comme le fait la Cnra aux médias qui ne respectent pas les règles établies.
La loi a prévu des sanctions pénales pour un éditeur qui aura posté des images pornographiques », dit le magistrat, qui rappelle que ce dispositif de sanctions n’est pas effectif et cela démontre qu’il y a une question de souveraineté numérique. D’après le secrétaire général adjoint du Gouvernement, la loi met l’accent sur l’action de l’hébergeur qui a le contenu dans son espace de disque dur. « 80% des hébergeurs sont à l’étranger et le juge a du mal à avoir une prise sur ces derniers.
C’est pourquoi, la tendance des législations actuelles est de mettre l’accent de plus en plus sur les éditeurs, à savoir les prestataires qui ont posté les images en ligne. Cet éditeur a une maîtrise sur ce qu’il a posté, il peut le retirer quand il veut. C’est pourquoi, on met l’accent sur lui et le rôle de fournisseurs d’internet qui peut bloquer certains contenus », renseigne-t-il. Il informe que dans beaucoup de pays européens, on met l’accent sur le filtrage de contenus, surtout concernant le terrorisme pour protéger les enfants.
Ngoya Ndiaye
(Source : L’As, ) credit photo (mfwa.org)