Euloge SORO-KIPEYA, Directeur général de l’Agence nationale du service universel des Télécommunications-TIC (ANSUT) de Côte d’Ivoire
Euloge SORO-KIPEYA (photo) est Directeur général de l’Agence nationale du service universel des Télécommunications-TIC (ANSUT) de Côte d’Ivoire. Il présente dans le détail pour CIO Mag le programme de gouvernance électronique (eGouv) tel qu’initié par le Ministère de l’Economie Numérique et de la Poste (MENUP).
Quid des réalisations mises par l’Agence nationale du service universel des Télécommunications-TIC (ANSUT) au plan de la gouvernance électronique – eGouv ?
En 2011, la Côte d’Ivoire a mis en œuvre un programme d’e-Gouvernement. Il a conduit à la réalisation de deux Datacenter, qui hébergent les applications de l’administration ivoirienne. Un réseau de fibre optique, interconnectant tous les cabinets ministériels sur Abidjan, a été déployé. A noter également, la création de 3 000 emails gouvernementaux dans un environnement collaboratif SharePoint, avec une communication unifiée (audio/vidéo en ligne et présence instantanée), via une technologie propriétaire Microsoft. Une extension à 30 000 agents de l’Etat est en cours de déploiement sur l’année 2016.
La vidéoconférence et la télé-présence entre les cabinets ministériels, la primature et la présidence ont été mises en place. Une application de gestion électronique du conseil des Ministres (e-Conseil) a été installée et une autre est en cours d’installation pour les courriers des cabinets ministériels (e-Cabinet). Un portail informatif des procédures de démarches administratives a été créé. La dématérialisation de 40 procédures administratives en mode transactionnelle sera réalisée en 2016. Et le déploiement des réformes du Doing Business est en cours de réalisation.
Quels avantages la gouvernance électronique procure-t-elle à l’Etat et aux administrés ?
La gouvernance électronique est un chantier stratégique et un levier de modernisation de l’administration ivoirienne. L’ambition est d’améliorer l’information publique, légale et administrative, ainsi que la transparence. L’intégration et l’usage des Technologies de l’information et de la communication doivent se concrétiser de façon réaliste, pragmatique, mesurable et progressive. L’objectif est de favoriser le développement de la proximité et de l’accessibilité des services publics, tout en contribuant à la compétitivité de l’entreprise ivoirienne. L’amélioration de l’efficacité et de l’efficience publiques fait également partie des priorités, tout comme le rayonnement international et le leadership régional.
Quelles sont les ressources – humaines, techniques et financières – mobilisées autour du projet de gouvernance numérique ?
Le programme e-gouvernement mobilise tous les acteurs de l’Etat, tant au plan décisionnel qu’au plan opérationnel. Il est porté par le Ministère de tutelle de l’ANSUT : le ministère de l’Economie numérique et de la poste (MENUP). L’ANSUT assure pour sa part la mise en œuvre opérationnelle en tant que maître d’ouvrage délégué. Pour la réalisation de ses missions, l’Agence dispose principalement du Fond national des télécommunications, des apports de l’Etat – y compris ceux liés à la coopération bilatérale et multilatérale – et de fonds privés.
Qu’en est-il du cadre juridique et institutionnel de la gouvernance électronique ?
Plusieurs actions ont été impulsées pour encadrer la gouvernance électronique, à commencer par la création d’un comité de pilotage de l’e-gouvernement. Il est présidé par le Premier Ministre et se compose de ministres. Ce comité donne les orientations stratégiques et fournit les fonds nécessaires à la mise en œuvre du programme. Un comité de suivi a également été mis en place. Le Ministre de l’Economie numérique et de la Poste en assure la présidence aux côtés des représentants des ministères et des acteurs majeurs de l’écosystème des TIC.
L’Agence nationale du service universel des télécommunications/TIC (ANSUT) a été créée. L’ANSUT est chargée de la mise en œuvre opérationnelle du programme e-Gouvernement, en plus de la gestion du service universel. Des lois sur l’e-commerce et la protection des données à caractère personnel ont été élaborées, ainsi que d’autres sur la cryptologie et la cybercriminalité.
En termes de gouvernance électronique, quelle place occupe la Côte d’Ivoire dans le classement annuel UNITED NATIONS E-GOVERNMENT SURVEY 2014 ?
En dépit des nombreux efforts fournis par la Côte d’Ivoire en matière d’e-Gouvernement, la communication autour de ces réalisations n’a pas été suffisante. C’est ce qui explique qu’elle n’occupe que la 171e place sur 193 pays (en 39eposition en Afrique et en 10e en Afrique de l’Ouest) au classement global 2014 de l’Indice de développement E-Gouv. Nous gardons bon espoir que les publications à venir donneront une vision plus proche de la réalité des actions sur le terrain.
Il, est à noter que la maturité d’un pays en matière de gouvernance électronique est mesurée par l’indicateur « E-Government Development Index (EGDI) », publié chaque année par les Nations unies. Cet indice est un composite de trois autres facteurs, notamment le niveau de dématérialisation des services administratifs (Online Service Index : OSI) ; le développement des infrastructures (Telecommunication Infrastructure Index : TTI) et le développement du capital humain (Human Capital Index : HCI).
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Euloge SORO-KIPEYA, Directeur général de l’Agence nationale du service universel des télécommunications / TIC (ANSUT)
Depuis la nomination d’Euloge SORO-KIPEYA à la tête de l’ANSUT, plusieurs projets TIC initiés par le Ministère de l’Economie numérique et de la poste ont été réalisés sous sa conduite. Au nombre des réalisations : le réseau national haut débit en fibre optique ; la couverture CDMA ; le programme « 1 citoyen, 1ordinateur + 1 connexion Internet » ; le programme de gouvernance électronique (Egouv) et l’eEducation, l’eSanté, l’eAgriculture.
Euloge SORO-KIPEYA a été Président du Comité technique du Fonds national des télécommunications (FNT), de 2006 à la dissolution du FNT. Dans ce cadre, il a coordonné le déploiement du Backbone national de fibre optique, la connexion de 1 000 localités au réseau téléphonique par la technologie CDMA et à l’Internet haut débit.
Il a été Conseiller technique en charge des TIC au Ministère des NTIC, de 2004 à 2006. Le Dg de l’ANSUT a obtenu un diplôme d’ingénieur en Systèmes d’information au Canada et un Exécutive MBA à HEC-Paris.
Source Ceo Mag
Propos recueillis par Véronique Narame