Les jeux des intelligences multiples permettent à l’apprenant d’acquérir le savoir, de manière ludique, dans un cadre détendu. Il devient acteur des jeux dans le nouveau triangle pédagogique où les nouvelles technologies ont toujours tout leur poids. L’apprenant ou l’usager, avec son téléphone portable ou son ordinateur, selon les disciplines, est mis dans une situation où il doit répondre à une question. Si la réponse est correcte, le jeu se poursuit. Dans le cas contraire, il reçoit la réponse avant de passer à l’étape suivante.
L’enseignant spécialiste des questions récréatives, Ahmed Iyane Sidibé, revenait d’un rendez-vous médical. Il perle de sueur. Sur le plan physique, aucun trait ne laisse paraître les signes de stress. Au contraire. Ahmed Iyane est en appoint. Il transcende son état de santé. Il doit pourtant subir une deuxième opération. La première n’a pas connu de succès. Sidibé est resté égal à lui. Il garde son langage franc, ses positions de principes et aussi ses convictions sur le mode actuel de transmission du savoir. Le spécialiste est dégouté par la perpétuation d’un modèle d’enseignement hérité du système colonial. L’administration coloniale, défend-il, a mis en place une école fondée sur ses préoccupations.
« Le Sénégal a hérité d’un système éducatif confronté à un mal congénital. Les colonisateurs avaient imaginé une école pour bâtir l’Etat-Nation. Dans cette logique, l’école formait essentiellement des commis de l’administration et des agents commerciaux. Ils n’avaient pas mis l’accent sur les filières et les disciplines susceptibles de contribuer plus au développement socio-économique », affirme Ahmed Iyane Sidibé. La méthode d’évaluation ne reçoit pas aussi une bonne note chez cet homme qui soutient que le système avait favorisé ceux qui savaient mémoriser. L’intelligence d’un apprenant ne peut pas uniquement se résumer à sa capacité de mémorisation. « C’est vrai, dans certaines disciplines, comme la médecine, on a besoin de la mémorisation mais ceux qui ont percé, sont ceux qui savaient mémoriser. De ce fait, les autres aptitudes ne sont pas développées chez l’élève », objecte l’enseignant. Pour ce dernier, le modèle actuel de transmission et de d’acquisition du savoir, ainsi que le cadre d’apprentissage sont dépassés.
La démocratisation de l’accès au savoir
La démocratisation de l’accès au savoir avec les nouvelles technologies de l’information impose un changement d’approche. « Les élèves peuvent en savoir autant que les enseignants sur beaucoup de sujets au programme. Les apprenants ont accès aux savoirs grâce à l’Internet. Donc, nous ne pouvons pas continuer à enseigner de la même manière qu’il y a de cela 20 ou 30 ans. Je l’ai toujours dit et défendu : nos enseignants doivent accepter d’évoluer avec le temps », clame Ahmed Iyane Sidibé. Il est impératif pour les enseignants de s’intégrer dans le triangle « enseignant, apprenant et le savoir stocké dans Internet ». Le rapport enseignant et apprenant n’est plus le même eu égard au taux de pénétration des téléphones à multiples fonctions, l’ordinateur, les jeux de vidéo. A la place de l’ancien modèle, il propose les jeux des intelligences multiples. Ainsi, il a conçu un contenu numérique accessible à partir de l’ordinateur et du téléphone portable. L’apprenant ou l’usager répond à une question qui s’affiche sur l’écran. Si la réponse n’est pas correcte, le système lui donne la bonne réponse. A l’inverse, il reçoit des claps d’applaudissements ponctués. L’enfant peut continuer à jouer autant qu’il voudra. Ainsi, il devient un acteur de l’acquisition des connaissances. « C’est une transmission ludique du savoir, des connaissances. L’enfant ou l’apprenant apprend sans être stressé. Il ne reçoit pas les injonctions d’un maître. Le fait qu’il soit libre l’épanouit », explique Ahmed Iyane Sidibé.
Une plus-value
Les derniers tests des enfants qui ont utilisé ces jeux sont tous admis aux examens du Certificat de fin d’études élémentaires (Cfee). Pour lui, tous les enfants sont intelligents. Il suffit juste à l’enseignant de passer par ce qui le passionne et l’intéresse pour éveiller en lui son intelligence. Il s’agit de partir des capacités naturelles de l’enfant pour corriger ses faiblesses dans les autres disciplines. C’est tout le bien-fondé de ces jeux d’intelligence multiples. « Il va falloir repenser notre système d’éducation. Il faut être plus imaginatif pour apporter une plus-value. Il faut faciliter l’interaction dans le triangle pédagogique entre l’enseignant, l’élève et le savoir qui est quelque part dans l’Internet », préconise Ahmed Iyane Sidibé qui a élaboré plusieurs dizaines de fiches numériques. La société de téléphonie exploite ses contenus numériques. Il se félicite de la reconnaissance de ses jeux sur plan international. L’organisation internationame de la Francophonie lui avait confié l’organisation du Salon francophone de l’intelligence ludique. Aujourd’hui, le spécialiste des questions récréatives croit qu’on n’a pas toujours besoin d’être entre quatre murs pour acquérir le savoir. Des cadres plus réactifs et des endroits de fréquentation des enfants sont, pour lui, plus susceptibles de favoriser l’émulation de l’apprenant.