La série d’articles portant sur Le sous emploi au Sénégal et la perspective d’une solution numérique se poursuit avec cette fois-ci, l’intervention de Basile NIANE. Il fait partie des personnes les mieux placées pour parler du potentiel sénégalais en matière d’offre d’emploi numérique, lui qui est très actif sur le web. Il est à la fois consultant, formateur en web 2.0 mais aussi, éditeur de contenus à Seneweb, blogueur et CEO de Social Net Link .
Mackymetre : D’après vous, le potentiel d’emploi numérique actuel du Sénégal est-il représentatif sur le marché de l’emploi?
Je ne dirai pas totalement, mais d’après mon analyse, le potentiel d’emploi est très représentatif sur le marché de l’emploi. On assiste de plus en plus à une nouvelle vague de jeunes entrepreneurs qui essaient tant bien que mal de créer des emplois pour la jeunesse sénégalaise.
Quels domaines d’activité vous semblent plus propices à la création d’emplois numériques ?
Malgré un contexte économique difficile, un secteur résiste à la crise : le numérique. Aujourd’hui avec l’apparition des nouveaux médias on assiste de plus en plus à la naissance de nouveaux métiers, de nouveaux types de business, ce qui requiert donc de nouvelles compétences, savoir-faire, et expériences. Je pense aux métiers du web 2.0 (Webmarketing, Webdesign, E-commerce, Community Manager, Rédacteur web, Chef de Projet, CRM, Data Scientist, etc.)
Aujourd’hui, on peut facilement créer son entreprise en 48H au Sénégal. Au-delà de la dématérialisation du processus de création d’entreprise, on peut, grâce au numérique avoir sa structure en ligne avec peu de moyens. Une seule machine connectée peut servir pour diriger son entreprise sur la toile. Donc toutes les opportunités sont ouvertes pour entreprendre.
Quelles sont les entraves à l’essor d’un vrai marché de l’emploi numérique au Sénégal ?
La formation est l’une des premières entraves à l’essor d’un vrai marché de l’emploi numérique au Sénégal. En plus d’un manque d’esprit entrepreneurial, de talents chez les jeunes. Je pense que si ces deux aspects sont pris en charge, en plus d’une politique générale de financement, le marché pourra émerger. Car nous avons tout le potentiel pour développer l’emploi au Sénégal.
Etes vous d’avis que l’auto emploi, numérique notamment, puisse résoudre le problème du chômage chez les jeunes ?
Je suis d’avis à 100%. Nous sommes tous conscients que l’Etat ne peut pas donner à tout le monde un emploi. Donc, la meilleure façon de sortir de ce chômage pour la jeunesse, c’est de créer leurs propres emplois surtout dans le numérique. Je pense et je le dis souvent, l’Afrique passera par le numérique pour sauter des étapes dans son développement et combler le gap numérique qui existe entre le continent et les pays développés.
Pensez-vous que l’enseignement au Sénégal favorise le développement d’un esprit de « web-entrepreneuriat» chez les jeunes sénégalais ?
C’est ce que j’ai souligné plus haut. La formation joue un rôle important dans le développement du numérique au Sénégal. Il faut une vraie politique dans ce sens si l’on sait qu’au Sénégal l’enseignement connait d’énormes difficultés malgré les efforts de l’Etat. Nous devons former et avoir des entrepreneurs productifs prêts à satisfaire le marché de l’emploi.
Pensez-vous que la politique menée par le gouvernement soit favorable au développement du potentiel sénégalais en matière de création d’emplois dans le numérique?
Selon les chiffres publiés dernièrement par l’agence nationale de la statistique et de la démographie, presque chaque année près de 100 000 nouveaux demandeurs d’emplois entre 15 et 34 ans arrivent sur le marché du travail avec un taux de chômage global estimé à 49 %. Des chiffres alarmants qui en disent long sur la nécessité de donner une place importante au secteur de l’emploi.
L ‘Etat du Sénégal en est conscient. Raison pour laquelle, le gouvernement a énormément participé au développement du potentiel sénégalais en matière de création d’emplois.
Le projet de création d’un conseil de l’économie numérique pour anticiper les tendances lourdes du secteur des télécommunications, le Projet du Parc des technologies numériques, les incubateurs, le développement de la recherche scientifique, sont autant d’exemples de la volonté de l’Etat de développer le secteur. Il faut simplement revoir la politique de déploiement de ces actions souvent marquées par des dysfonctionnements.
En tant qu’acteur du web, que proposeriez-vous comme alternative ou pour améliorer les projets en cours ?
Le numérique contribue à environ 10% dans l’économie du pays. Il serait dommage de ne pas faire un focus dessus.Il faut un soutien plus efficace de l’Etat du Sénégal. Il faut que les entreprises qui ont pu sortir leur bout du net dans le marché de l’emploi puissent aider les jeunes startups à tous les niveaux (financement, incubation, etc.).
La meilleure façon d’entreprendre pour moi est le travail collaboratif. Tant que les jeunes entrepreneurs n’adoptent pas cette méthode, il serait très difficile de sauter des étapes dans ce monde entrepreneurial.
Source Mackymetre.com