La lutte contre les produits contrefaits doit être menée, de manière coordonnée, entre administrations douanières, le secteur privé et les organismes intervenant contre ce fléau. C’est la conviction des responsables de la Compagnie Hp, qui intervenaient, hier, lors d’une conférence internationale sur la Contrefaçon, à Casablanca, au Maroc.
Services et logiciels informatiques, produits textiles, esthétiques, hygiéniques, etc. La liste des produits contrefaits est longue et la lutte contre ce fléau qui gangrène les économies de certains pays africaines dificiles. La compagnie Hp, leader dans les imprimantes et de solutions informatiques, a convié, hier, à Casablanca, administrations de douanes africaines, représentants de Chambre de commerce, d’entreprises mondiales, journalistes, etc., à une conférence sur la lutte anti-façons. Evoquant l’expérience de Hp, son directeur général du Printing and Personal systems en Afrique et dans les Dom-Rom a affirmé qu’une enquête importante, menée en Europe de l’est, au Moyen-Orient et en Afrique révèle que le nombre d’entreprises exposées aux cartouches d’impression contrefaites a augmenté. Une menace pour les activités courantes de ces sociétés.
D’après cette enquête, plus d’un tiers des entreprises (34 %) déclarent s’être vues proposer ou avoir acheté de fausses cartouches d’encre ou de toner. Toujours selon l’étude menée en 2013 à la demande de Hp, « un tiers des sociétés (33 %) affirment également ne pas savoir si les cartouches d’impression qu’elles achètent sont authentiques. La majorité des professionnels de l’informatique s’adressent à des fournisseurs dignes de confiance pour éviter les contrefaçons, mais 39 % seulement déclarent vérifier eux-mêmes les étiquettes et emballages, contre 54 % l’an d’avant ».
« La contrefaçon est un sujet qui intéresse l’Afrique et le monde. C’est un fléau pour l’innovation et la créativité, pour toute les entreprises à travers le monde ». Le Maroc, pays hôte de cette conférence, avait le privilège d’être le cas pratique dans la lutte contre les imitations. Définissant la contrefaçon comme une atteinte à un droit de la propriété intellectuelle protégée, propriété intellectuelle et commerciale (Ompic), Mme Raïssa Belcaïd a affirmé que près 300.000 emplois ont été perdus à cause de ce phénomène.
Protéger le consommateur
Présentant la stratégie menée par son pays dans le combat contre ce fléau, Mme Belcaïd a énuméré la protection de la propriété intellectuelle, la favorisation de l’innovation et de la créativité, la modernisation et la simplification des procédures de dépôt de brevet, la veille renforcée aux frontières, les amendes et peines de prisons, entre autres mesures mises en avant par le Maroc dans la lutte contre les produits contrefaits. Un concours « Morocco Awards » est également organisé tous les ans, pour encourager l’émergence de marques nationales. De même, la Journée mondiale contre les contrefaçons y est célébrée tous les 5 juin, afin de sensibiliser autour de slogans comme « le faux peut coûter cher, achetez le vrai ».
Présentant le rôle des Douanes marocaines dans la lutte anti-façon, Rachid Bhija a évoqué la solide coopération et le partenariat menés avec le secteur privé, pour arriver à mieux juguler la fraude commerciale et protéger le consommateur dès les frontières du royaume chérifien. « Les douanes mènent un contrôle sélectif aux frontières. Un contrôle à priori, un contrôle immédiat et un contrôle à posteriori. Des sanctions sévères sont appliquées en cas de saisie de produits de contrefaçons », a indiqué M. Bhija. Il a évoqué aussi la coopération entre administrations des douanes, dans le cadre de l’Organisation mondiales des douanes (Omd). Face aux différentes interrogations, Jeff Kwasny, responsable chez Hp Europe/Moyen-Orient/Afrique, répond qu’une meilleure façon, pour le consommateur, de se protéger contre les produits contrefaits, est « d’aller acheter dans des endroits autorisés ». Il a souligné qu’il existe de réels dangers des produits contrefaits sur le consommateur. M. Kwansy a appelé à accroître la lutte contre les contrefaçons en renforçant le partenariat entre lesecteur privé et les administrations publiques.
La lutte contre la contrefaçon doit être un travail d’équipe, un programme mondial, en reliant les expériences régionales, a estimé son collègue chez Hp, Geoffroy Eyles.
Ce dernier a ainsi appelé à l’utilisation des enquêtes du renseignement pour identifier les réseaux de la contrefaçon.
Les Douanes sénégalaises distinguées par Hp
Aux côtés des douanes de la Côte d’Ivoire, du Maroc, du Cameroun, les Douanes sénégalaises ont été distinguées par la Compagnie Hp pour sa lutte contre les produits contrefaits. Le colonel Georges Diémé et son collègue Aliou Ndoye, participant à cette conférence de Casablanca, ont reçu la distinction au nom du directeur général de la Douane sénégalaise.
« C’est un acte de reconnaissance de l’innovation et de la stratégie efficiente des Douanes sénégalaises », s’est réjoui M. Diémé, par ailleurs chef du Bureau contrôle après dédouanement. Avec l’avènement du nouveau code des Douanes sénégalaises, en 2014, le colonel Diémé, a confié que la contrefaçon a été érigée dans notre pays comme un délit douanier. De quoi faciliter la poursuite et la saisie de produits contrefaits. Le délit est sévèrement réprimé et les produits contrefaits sont détruits, si le contrevenant mis en cause ne transige pas ou n’agit pas après la saisine de sa marchandise par les Douanes.
De notre envoyé spécial, Omar DIOUF