samedi, décembre 21, 2024

Tidiane Dème de Google Afrique :  »La connectivité demeurera toujours le premier problème fondamental qu’il va falloir résoudre  »

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Tidiane Deme représentant de google en Afrique francophone et du centre est convaincu que le principale probleme des pays africains est la Connectivité. Participant à l’inauguration du centre de coworking Jokkolabs dirigé par Karim Sy, Monsieur Déme a également lancé un message fort aux dirigeants africains. Dans une interview accordée au site agencecofin, Tidiane soutient qu’il reproche beaucoup de choses à nos dirigeants dans le développement de l’économie numérique.

Mais Je vais bien préciser ce que je leur reproche. D’abord je pense que nos dirigeants n’ont souvent pas compris l’économie numérique au-delà des télécoms. Ils ont vu les télécoms comme un secteur où le gouvernement pouvait tirer immédiatement des revenus, fiscaux en général, des frais de licence, des revenus à court terme et ils n’ont pas regardé dans le long terme. Parce que dans le long terme, l’économie numérique, c’est une opportunité de développer le PIB, de créer beaucoup d’emplois pour cette vague de jeunes Africains qui sont de mieux en mieux formés et qui ne trouveront pas d’emplois dans l’économie traditionnelle. Et comprise comme ça, la démarche devrait être différente, elle devrait regarder dans le long terme et réaliser que, si les opérateurs télécoms vont être le vecteur du développement de l’internet, ce n’est cependant pas chez eux que se fera la création d’emplois. Il faut qu’en aval des opérateurs se créent des ISP, que l’économie du numérique se développe. C’est une question de compréhension, et ça, nos dirigeants ne l’ont pas bien compris

Selon lui“Aucun de nos pays ne sait mesurer le poids du secteur IT dans le PIB au-delà des télécoms. Toutes les mesures s’arrêtent aux télécoms. Et on ne peut pas développer et faire grandir quelque chose qu’on ne sait pas mesurer.”

Mais ce qui importe le plus pour ce passionné de la technologie c’est bien sur la connectivité qui demeurera toujours le premier problème fondamental qu’il va falloir résoudre.

« Si vous voulez faire de votre pays un hub numérique, cela nécessitera une bande-passante abondante. Il faudra qu’elle soit disponible depuis l’international jusqu’au last-mile. Par exemple, les entreprises qui veulent uploader des vidéos youtube dans les capitales africaines aujourd’hui connaissent bien ce problème. Certaines m’appellent tous les jours pour me demander : «est-ce qu’on peut venir dans votre bureau uploader? Parce qu’uploader une vidéo HD d’un gigaoctet leur prend deux jours, alors qu’elles peuvent produire 20 vidéos par jour et ils n’arrivent même pas en uploader deux par jour. Donc toutes les industries de contenu auront besoin de ce très haut-débit. Je pense que les gouvernants doivent se pencher sur la question et être très ambitieux. Mais, hélas, tous vous diront, «je veux être un hub numérique», puis ils vous diront je veux construire un data-center, je veux construire un immeuble ou deux où on va mettre les entreprises tech. En fait, ils essaient de trouver des solutions à un problème qui n’existe pas. Le problème que nous rencontrons, c’est la connectivité. »

Le deuxième fondamental ce sera qualité de la formation qui va être un différenciateur. Il y a un certain nombre de pays que je regarde aujourd’hui avec beaucoup d’envie. Prenez un pays comme le Cameroun dont le niveau de formation universitaire est élevé, le niveau d’alphabétisation est très élevé et ils sont bilingues. C’est un cocktail formidable pour réussir sur internet. Mais la connectivité est un énorme problème. Résolvez les problèmes de connectivité du Cameroun et vous avez un champion potentiel de l’internet. Et derrière la formation, les initiatives pour encourager l’entreprenariat comme celle que nous avons ici avec Jokkolabs vont jouer un rôle clé. Beaucoup de nos Etats essaient de le faire, mais hélas d’une manière très conventionnelle.