Il fait partie des blogueurs les plus influents de la blogosphére sénégalaise. Cheikh Fall puisque c’est de lui qu’il s’agit, a passé la journée d’hier (journée célébrant la jeunesse dans le monde) dans les locaux de la Radio BBC Afrique Dakar. Durant des heures, le blogueur a découvert les merveilles de cette radio qui cache une équipe de journalistes professionnels. Etant l’invité spéciale de la Rédaction, Cheikh Fall a été interviewé par une journaliste de la radio sur l’actualité qui repose évidemment sur le mouvement #GiveUsTheSerum dont il est l’un des initiateurs. Une occasion pour le blogueur de revenir sur ce mouvement dont l’objectif est d’éradiquer le virus Ebola. Voici l’interview tiré de son blog
Cheikh, vous avez parlé d’Ebola dans votre blog, vous avez même lancé le mouvement#GiveUsTheSerum qui a obtenu le soutien d’autres blogueurs africains. Quel est l’objectif de ce mouvement ?
Autour du projet Africtivistes qui regroupe les blogueurs, activistes, e-citoyens et netizens africains pour la démocratie, nous nous sommes mobilisés pour aider les populations africaines à vaincre la maladie d’Ebola. Nous nous sommes rendu compte que nos chefs d’État n’ont pas eu le courage de réclamer à Barack Obama ce sérum qui a guéri deux Américains, par devoir moral, nous jeunes africains l’exigeons des autorités américaines etde l’OMS pour nos populations. Pour précisions, ce mouvement #GiveUsTheSerum n’est ni pour quémander, ni pour mendier un sérum. Il est lancé pour interpeller le monde sur ce qui est en train de se passer en Afrique et dans le monde de la santé. Juste pour information aux auditeurs, ce sérum n’est pas un vaccin, c’est un remède curatif qui a sauvé deux vies américaines.
Certainement que les réactions n’ont pas manqué sur votre blog, citez nous en quelques-unes, les réactions qui vous ont le plus marqué ?
Mon blog est devenu un espace d’information, d’échange mais aussi de riches débats. La publication sur mon facebook a reçu hier plus de 50 commentaires très pertinents de la webosphère africaine. La majeure partie des commentaires faisait état du laxisme de nos chefs d’État, de leur manque de politique de prévision, de planification mais aussi certains commentaires sont revenues sur la fameuse thèse de la « théorie du complot » sur le fait que les Occidentaux seraient à l’origine du virus Ebola pour des raisons multiples.
D’après le rapport de l’UNICEF, à l’horizon 2050, 2 enfants sur 5 seront sur le continent africain, un vrai défi pour le continent en terme d’éducation notamment, avez-vous une opinion la dessus ?
Comme annoncé par UNICEF dans son rapport, l’Afrique sera la pépinière du monde sur le plan démographique. L’éducation est effectivement la clé mais il convient d’intégrer la dimension des TIC dans toutes stratégies africaines. Cette révolution digitale est une chance pour l’Afrique et c’est à la jeunesse de traduire cette chance en réalité. Dès lors, on peut donc se poser les différentes questions à savoir : comment les TIC vont propulser de nouvelles formes d’engagement civique chez les jeunes ? Comment les TIC peuvent apporter des solutions en encourageant l’engagement des jeunes sur les questions d’ordre politiques, sociales et économiques ? Comment cette nouvelle façon d’affirmer et de vivre sa citoyenneté peut-elle avoir de l’impact dans la bonne marche de la société ? La réponse à toutes ces questions délivrera cette jeunesse africaine dont l’avenir est pris en otage par les hommes politiques.
Les réseaux sociaux sont de nos jours très utilisés on l’a vu lors des manifestations de ce que certains ont appelé « le printemps arabes », alors Cheikh est-ce que la toile sert aussi à l’implication citoyenne des jeunes africains ?
Quand les Technologies de l’Information et de la Communication bouleversent nos usages, nos rapports avec les autres, nos pratiques, nos comportements, nos causes, nos visions et nos combats, elles bouleversent aussi notre citoyenneté et notre engagement. Aujourd’hui, 80% des utilisateurs des réseaux sociaux en Afrique sont des jeunes. Cette jeunesse constitue aujourd’hui la population la plus dynamique dans les processus de changement et de transformation. Les exemples dans le Maghreb, en Côte d’Ivoire et même ici chez nous au Sénégal durant l’élection présidentielle de février 2012 en sont de belles preuves. La jeunesse africaine a toujours été dynamique. Elle a toujours su utiliser sa force pour faire face à des violations de droits en disant « Non » courageusement et fièrement à des régimes autoritaires. Le passé montre que cette jeunesse a toujours combattu à la hauteur de ses moyens : par la marche, la manifestation, l’interpellation directe, l’affichage, la revendication et le plaidoyer. De nos jours, ces formes d’engagement et de participations sur le plan civique ont évolué. La révolution digitale est venue changer la donne et ouvrir de nouvelles brèches pour outiller cette jeunesse rendant l’engagement civique plus organisé mais aussi plus pertinent à travers les réseaux sociaux.
A Dakar, les manifestations en faveur de la Palestine ont eu lieu dernièrement, quel est votre avis sur la crise israélo–palestinienne ?
Sur cette question, je n’ai qu’une seule réponse : Il est temps d’en finir avec les massacres ! Cependant, si on avait transposé ce conflit sur le territoire africain, il y aurait depuis bien longtemps une intervention militaire de la communauté internationale afin de mettre fin à la crise et de veiller au respect minutieux des différentes résolutions des Nations unies.