Avec les réseaux sociaux et les médias en ligne, diverses informations sont diffusées au quotidien. Nous sommes inondés par des informations en provenance du monde entier. Ainsi, ce sont des textes, des images, vidéos et audio qui sont partagés, likés et commentés par des dizaines ou des milliers de personnes de différents pays. Conséquemment, avec la magie du clic, une fausse information peut faire le tour du monde en quelques minutes voire quelques secondes.
De nos jours, les sources traditionnelles d’informations factuelles et vérifiées[1] n’ont plus de succès face à cette liberté d’expression que nous offre le web. En effet, chaque internaute dispose d’en espace d’expression, de partage et d’échange avec le reste des utilisateurs de la toile.
Par conséquent, il est facile de fabriquer des informations basées sur des faits mais surtout de diffuser des informations non véridiques. Alors, c’est la multiplication des fake news.
A l’origine de la première fake news de l’ère moderne
Les réseaux sociaux ont juste facilité l’augmentation des effets de la désinformation, des rumeurs… La naissance des fake news a eu lieu bien avant l’arrivée du web et de ces réseaux sociaux.
Nous pouvons considérer que le déclenchement de la guerre hispano- américaine a été soutenue par des fake news. La presse a joué un rôle de premier plan dans ce conflit.
Alors, comment est née la première fake news ?
« Le 15 février 1898, à 9 heures du soir, le cuirassier américain, Le Maine, ancré en rade du port de La Havane, explose. De nombreux morts sont à déplorer. C’est le prétexte dont les États- Unis vont se saisir pour bouter la puissance coloniale, l’Espagne, hors de Cuba. Ils imputeront aux Espagnols la cause de l’explosion. » [2]
Les Cubains se sont révoltés contre le colon, le dominateur espagnol en 1895. Par la suite, ce sont des répressions sur les populations. Une occasion pour les journaux américains d’accuser les autorités espagnoles de pratiquer la « barbarie » à Cuba. Chose qui a motivé le président de l’époque William McKinley d’envoyer « le navire de guerre Maine stationner dans le port de La Havane au début de l’année 1898 ».
Cependant sa mystérieuse explosion qui a tué 260 personnes a été saisie par les États- Unis, non seulement pour exiger une réparation mais surtout pour débarquer dans l’île, déclarer son indépendance et y imposer leur domination.
Les Américains réagirent avec fureur, et les journaux annoncèrent à leurs lecteurs que «la destruction du navire de guerre le Maine» était «l’œuvre de l’ennemi», que le secrétaire adjoint Roosevelt était «convaincu que l’explosion du navire de guerre n’est pas un accident» et que les officiers de la marine pensaient que le Maine avait été volontairement «détruit par une mine espagnole».[3]
Deux principaux journaux ont exploité ces faits en tirant des millions d’exemplaires et se faire ainsi fortune sur la base de fausses informations. Il s’agit du New York Journal et du New York World.
Aiguisés par la concurrence féroce qu’ils se faisaient, les deux journaux conduisirent alors une puissante campagne belliciste, soutenant que l’explosion du « Maine » était le fait d’une agression cubaine, et appelant à l’intervention punitive. « La guerre ! La guerre tout de suite ! Souvenez-vous du Maine » titra le 4 avril 1898 le New York Journal. Les deux patrons n’ignoraient rien cependant des résultats de l’enquête qui avait conclu à une explosion accidentelle dans la chambre des machines du navire. Telle fut la première fake news de l’ère moderne.[2]
Joseph Pulitzer, du World, et William Randolph Hearst, qui venait de fonder à 32 ans le New York Journal se sont lancés dans une rivalité dans la recherche du sensationnel.
La campagne de presse a le soutien intéressé des hommes d’affaires américains qui ont beaucoup investi à Cuba et rêvent d’en évincer la vieille puissance coloniale. Mais le public ne manifeste guère d’intérêt pour le conflit cubain. Les journalistes non plus d’ailleurs. Début 1898, le dessinateur du New York Journal Frederick Remington écrit de La Havane à son patron : « Il n’y a pas de guerre ici, je demande à être rappelé ». Hearst lui câble en réponse : « Restez. Fournissez les dessins, je vous fournis la guerre ». [4]
Des médias en ligne qui revendiquent la diffusion de fausses informations
Beaucoup d’internautes croient que toute information publiée sur un site web est vraie. Ils ne savent pas qu’il y a des médias en ligne qui se sont spécialisés que dans la parodie à partir de l’actualité. Donc, c’est une façon de créer et de diffuser de fausses informations. C’est dans ce cadre que nous pouvons citer des sites web comme « le Gorafi en France, Nord-presse et De Raaskalderij en Belgique ou encore Nieuwspaal aux Pays-Bas, nous abreuvent de nouvelles aussi erronées que ludiques. Les faux articles peuvent en effet être très amusants pour un public bien informé qui ne les prend pas au premier degré. »[5]
D’ailleurs, c’est bien précisé dans leur présentation. Par exemple :
Le Garofi
« Le Gorafi est né après un conflit d’intérêts avec les créateurs du Figaro en 1826.
Jean-René Buissière, journaliste dyslexique, tente alors de créer son propre journal, transformant Le Figaro en Le Garofi.
Le Gorafi se veut impartial et irréprochable. Tous les articles relatés ici sont faux (jusqu’à preuve du contraire) et rédigés dans un but humoristique. L’utilisation de noms de personnalités ou d’entreprises est ici à but purement satirique. »[6]
Nordpresse
Son fondateur nous avertit en disant que « c’est un moyen d’éduquer ses lecteurs et de leur apprendre à ne pas se faire piéger. »
«Nordpresse (par opposition à Sudpresse) est un site d’information parodique belge. Commençant par parodier Sudpresse, le site utilise également des noms de domaines ressemblant à ceux de médias français pour crédibiliser ses informations. Sa ligne éditoriale reprend les grandes lignes de l’actualité polémique qui fait réagir sur internet. »[7]
Comme nous le décrit Wikipedia, « plusieurs médias français pointent des ambiguïtés de la part du site web, certaines de ses publications s’éloignant selon eux de la parodie pour se rapprocher de la tromperie volontaire ou du canular dénué d’aspects humoristiques. Selon le fondateur de Nordpresse, c’est un moyen d’éduquer ses lecteurs et de leur apprendre à ne pas se faire piéger. »
Des fake news sous diverses typologies
Si nous remontons un peu en arrière, en 1999, avec le Daily Show, le terme fake news a été utilisé dans un sens très large par un programme américain satirique d’information animé par Jon Stewart et qui se présentait ouvertement et ironiquement comme basé sur des « infos truquées ». Ce programme était « truqué » dans le sens où il imitait parfois le style des programmes relayant des « vraies nouvelles » ; il y avait des flashs d’information, et des journalistes étaient envoyés pour couvrir des événements ou invités à commenter l’actualité dans le studio.
Dans la création d’informations truquées, nous avons surtout, des journaux très connus, qui sont des précurseurs : The Onion, créé depuis 1988, est une publication qui, aujourd’hui encore, est citée comme une source d’information problématique pour les lecteurs, qui ont du mal à faire la différence entre ses articles à l’aspect « officiel », passe-partout, et ceux du journalisme traditionnel légitime.[8]
Le Cambridge Dictionary nous donne la définition suivante des fake news : « Des histoires fausses qui ont l’apparence de nouvelles, disséminées sur internet ou utilisant d’autres médias, et créées soit pour influencer les opinions politiques, soit en tant que blagues. »
Dans la plupart du temps, en général, le terme fake news est utilisé pour faire référence à un canular (quelque chose qui ne s’est pas passé mais est présenté comme un fait réel) qui a trompé la presse traditionnelle et / ou les journaux télévisés et leurs lecteurs / téléspectateurs ; ou alors à un gag perpétré par les médias pour berner ou distraire leurs auditeurs (comme la célèbre émission d’Orson Welles « War of the Worlds », en 1938).[8]
Un rapport publié par l’institut Reuters en 2017 note que « les définitions des fake news posent beaucoup de problèmes et [que] les personnes interrogées mélangent fréquemment trois catégories : (1) des informations “inventées” pour gagner de l’argent ou discréditer autrui ; (2) des informations qui ont un fondement mais sont présentées sous un certain angle afin de servir un objectif particulier ; (3) des informations qui mettent les gens mal à l’aise ou avec lesquelles ceux-ci ne sont pas d’accord. Pour sa part, l’Oxford Institute for the Study of Computational Propaganda définit les fake news comme « des informations fallacieuses, trompeuses ou incorrectes, prétendant être de réelles informations concernant la politique, l’économie ou la culture.[8]
Avec les réseaux sociaux les fake news sont marquées par les rumeurs dont l’origine est très difficile à tracer et la désinformation qui est, comme nous le rappelle Nicolas Hochet, URFIST Nice, est recherchée et ses canaux sont identifiés (les médias). La désinformation adopte une démarche volontaire.
Des outils de vérification
Comme nous l’avons précisé plus haut, les fake news sont sous forme de textes, d’images, de vidéos ou de sons.
Ainsi, pour des images, on peut effectuer une recherche inversée. De ce fait, nous saurons si c’est une image originale, photo prise récemment, un montage ou veille photo déjà sur internet. On peut vérifier la légende, la localisation, l’arrière-plan, le décor, l’environnement, etc.
Outils pour vérifier une image
Google Reverse Image Search : https://www.labnol.org/reverse/
The Eye : https://tineye.com/
Yandex: https://yandex.com/images/
L’outil Forensically permet d’analyser une image afin de savoir si elle a été retouchées : https://29a.ch/photo-forensics/#forensic-magnifier.
Outils pour vérifier une vidéo
Pour la recherche inversée de vidéo, nous avons la plateforme d’Amnesty International : https://citizenevidence.amnestyusa.org/
InVID est aussi un outil très utilisé par les journalistes qui souhaitent vérifier la fiabilité d’une vidéo : https://www.invid-project.eu/
Des méthodes de vérification d’une information
Si vous êtes sur des plateformes comme Twitter, Facebook, Instagram, etc. il faut prendre le temps d’analyser l’information, l’image, la vidéo, etc.
Dès lors, on peut déterminer si c’est le site est la source première de l’information ou si c’est une reprise. Donc, nous saurons qui a mis en ligne en premier l’information, la source. Mais aussi, quand l’information a été mise en ligne, autrement, la date.
Enfin, le lieu, d’où provient l’information, si c’est un lieu précis qu’on peut identifier. Avec nos différents amis et réseaux, nous pouvons partager l’information en posant une question sur sa véracité voire s’il y a quelqu’un qui peut confirmer ou témoigner, etc.
Le domaine scientifique est aussi très envahi par les fake news. Cependant, il existe un outil efficace, PubPeer, lancé depuis 2012. Avec ce site web, les chercheurs commentent les articles. « Il a été créé comme un système d’évaluation des articles scientifiques par les pairs faisant suite à la publication de ces articles, une sorte de club de lecture international pour les chercheurs. »[1]