samedi, novembre 23, 2024

Haskè Ventures investit dans ProXalys, la startup qui digitalise l’économie informelle

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Ces dix dernières années, l’arrivée au Sénégal de grandes chaînes de distribution, telles que Auchan ou Carrefour, a bouleversé le fonctionnement du secteur informel, qui représente aujourd’hui encore 90 % de l’économie sénégalaise.

Face à cette nouvelle concurrence, les acteurs de l’informel se réinventent notamment grâce à la digitalisation des processus d’approvisionnement traditionnels. Et pour réinventer les processus traditionnels d’approvisionnement des acteurs de cette immense sphère, une nouvelle proposition de valeur veut digitaliser toute la chaîne de valeur.  

Fondée en 2021 par le financier Thierno Sakho, ProXalys est une startup sénégalaise spécialisée dans le commerce B2B, avec pour principale cible les détaillants du secteur de l’informel. En décembre 2021, la startup enregistre sa première levée de fonds, à hauteur de 150 000 $, en phase de pré-amorçage, avec Haskè Ventures comme investisseur principal. 

Tout est parti d’un constat simple : les acteurs et entrepreneurs du commerce informel (boutiquiers de proximité, femmes-tablier, et distributeurs de produits de consommation courante) accèdent difficilement aux services classiques de prêt ou de crédit, généralement proposés à des entreprises formalisées. Ne pouvant offrir des crédits pour plusieurs raisons, dont le cadre réglementaire, ProXalys décide alors de proposer un service d’approvisionnement en produits de consommation courante (comme l’oignon et la pomme de terre) avec paiements échelonnés, et livraisons gratuites sous 24 heures. La startup renforce ainsi la capacité de vente de ses clients et facilite leurs besoins en fonds de roulement.  

Selon Thierno Sakho, « l’informel est une cible dont la digitalisation est cruciale. Nous comptons innover sur les méthodes opérationnelles en place, en vue de renforcer et moderniser les canaux de distribution. Notre objectif est de permettre aux entrepreneurs informels de résister à la double révolution digitale et de distribution créée par les grandes multinationales présentes sur le continent. » 

Aujourd’hui, avec plus d’une centaine de clients récurrents, ProXalys a séduit plusieurs boutiquiers de la région de Dakar. Mais la startup ne s’arrête pas là, et s’attèle également à la dynamisation des chaînes de valeurs agricoles. Chaque année au Sénégal sont enregistrés 150 millions de dollars (100 milliards de F CFA) de pertes agricoles, faute de débouchés. « Nous accompagnons les producteurs de toutes tailles, en étant l’intermédiaire unique entre eux et les distributeurs détaillants informels » explique Thierno Sakho. Au-delà de ces acteurs, ProXalys opère également avec une clientèle ‘modern trade’ (hôtels, restaurants, épiceries, grossistes, et demi-grossistes). 

ProXalys dispose de trois outils de gestion et de capture des flux financiers quotidiens, en temps réels : l’application ProXalys de prise de commande pour les distributeurs de l’informel ; un système informatique de gestion administrative, de suivi des commandes, et de gestion des paiements ; et un système de gestion logistique de la chaîne d’approvisionnement (stocks, entrepôts, transport, et livraison). 

Grâce à sa première levée de fonds en pre-seed, ProXalys compte se déployer en région dakaroise et dans les grandes villes du Sénégal avec pour ambition à terme de se développer dans toute la sous-région ouest-africaine. La startup investira ce capital dans le renforcement de ses outils techniques et technologiques, et dans le développement de ses infrastructures physiques (consolidation de la flotte de véhicules et des entrepôts).

Abdourahmane Diop, Directeur Général de Haskè Ventures, affirme avoir été impressionné par les réalisations de l’équipe de ProXalys, « nous pensons que la technologie a un rôle clé à jouer dans la modernisation de l’infrastructure informelle en Afrique. Sa digitalisation est un immense défi qu’il est essentiel d’adresser par la modernisation des circuits opérationnels, mais aussi l’éducation financière et l’alphabétisation de ses acteurs »