L’Europe va encore manquer de plus en plus d’ingénieurs. En effet, dans les cinq prochaines années, 10 000 ingénieurs européens devraient rejoindre l’équipe que le géant américain des réseaux sociaux affecte au « métavers », cette réalité virtuelle que Mark Zuckerberg voit comme l’avenir de son entreprise.
Facebook prévoit d’embaucher 10 000 personnes d’ici à cinq ans dans l’Union européenne pour travailler sur le « métavers », ce monde parallèle numérique que Mark Zuckerberg considère comme « le Graal des interactions sociales », a-t-on appris ce lundi 18 octobre.
Selon le site nouvelobs, dans une interview pour un média américain, en juillet, le fondateur et patron du géant américain des réseaux sociaux avait annoncé la création d’une équipe affectée au métavers. Cette abréviation de « méta-univers » désigne un cyberespace parallèle à la réalité physique, accessible par l’intermédiaire d’internet, où une communauté de personnes peut intervenir sous forme d’avatars. Pour Zuckerberg, c’est le « successeur de l’internet mobile ».
Besoin en ingénieurs hautement spécialisés
« Cet investissement est un vote de confiance dans la force de l’industrie technologique européenne et le potentiel des talents technologiques européens » , ont indiqué dans un article de blog le Britannique Nick Clegg et l’Espagnol Javier Olivan, deux des plus hauts responsables du groupe Facebook qui compte aujourd’hui plus de 63 000 salariés.
Aucun détail précis n’est donné sur les pays où seront localisés les futurs emplois, ni sur le type d’emploi concerné. « Le besoin d’ingénieurs hautement spécialisés est l’une des priorités les plus urgentes de Facebook », se contentent-ils de souligner.
Grâce notamment à la réalité virtuelle et augmentée, le métavers devrait permettre de démultiplier les interactions humaines, en les libérant des contraintes physiques. Il pourrait par exemple offrir la possibilité de danser dans une boîte de nuit avec des personnes situées à des milliers de kilomètres, mais aussi d’acheter ou de vendre des biens ou services numériques, dont beaucoup restent encore à inventer.
« La qualité essentielle du métavers sera la présence – le sentiment de vraiment être là avec les gens », expliquait Mark Zuckerberg en juillet sur son profil Facebook. Il ne s’agit pas simplement de créer « une nouvelle expérience formidable », mais aussi « une vague économique qui pourrait créer des opportunités pour les gens dans le monde entier », avait-il également expliqué dans une interview vidéo lors du salon Vivatech en juin.
Facebook veut « redorer son blason »
L’annonce de Facebook survient dans un contexte tendu pour l’entreprise californienne, qui a besoin de redorer son blason alors qu’elle est régulièrement accusée d’ignorer les impacts sociaux négatifs de ses activités.
La dernière salve est venue début octobre de la lanceuse d’alerte Frances Haugen, une ancienne employée de Facebook, qui accuse le groupe américain de pousser les adolescents à utiliser toujours plus ses plateformes, au risque de provoquer une addiction.
Dans leur message, Nick Clegg et Javier Olivan rendent un hommage appuyé au rôle joué par l’Europe dans la régulation contre les excès d’internet. « Les décideurs européens ouvrent la voie en aidant à intégrer les valeurs européennes telles que la liberté d’expression, la vie privée, la transparence et les droits des individus dans le fonctionnement quotidien d’internet », soulignent-ils. L’Europe « a un rôle important à jouer dans l’élaboration des nouvelles règles d’internet », ajoutent-ils.
« Aucune entreprise ne possédera le métavers »
Ils répètent par ailleurs que Facebook ne cherche pas avec le métavers à construire un nouvel univers fermé, à l’image de son réseau social. « Aucune entreprise ne possédera ni n’exploitera le métavers », affirment-ils. « Comme internet, sa caractéristique principale sera son ouverture et son interopérabilité. Pour lui donner vie, la collaboration et la coopération seront nécessaires entre les entreprises, les développeurs, les créateurs et les décideurs politiques », estiment-ils.
Facebook est déjà l’un des leaders mondiaux de la réalité virtuelle avec son casque Oculus, issu de l’entreprise du même nom rachetée en 2014 pour 2 milliards de dollars. En septembre, Facebook a annoncé qu’il avait nommé au poste de directeur technologique Andrew Bosworth, dirigeant de Facebook Reality Labs et à ce titre un de ses spécialistes du métavers.
Mais le géant américain n’est pas le seul à parier sur ce monde virtuel. Epic Games, l’entreprise derrière Fortnite, a indiqué qu’une partie du milliard de dollars levés cette année auprès d’investisseurs institutionnels, dont Sony, serait affectée au métavers. Sur Decentraland, une plateforme en ligne considérée comme l’un des précurseurs du métavers, il est désormais possible de décrocher un job de croupier dans un casino virtuel.
Avec L’OBS