dimanche, décembre 22, 2024

L’infodémie sur la Covid-19 est un fléau : cinq conseils pour éviter de la propager

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Fatigués du confinement, plusieurs d’entre nous risquent de baisser la garde devant le flot d’information qui circule sur la pandémie de la Covid-19, ses origines et les moyens de la combattre. Mais il faut plus que jamais demeurer vigilant devant la désinformation.

Chacun est responsable de ralentir la propagation de la maladie. Chaque geste compte. C’est aussi le cas dans la lutte contre la désinformation, qui s’immisce dans la surabondance de nouvelles mélangeant faits, rumeurs et fausses nouvelles, un phénomène que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décrit comme l’infodémie.

Nos recherches sur la propagande dans les médias sociaux montre que l’inaction des spectateurs peut favoriser la prolifération des fausses nouvelles. Toute personne ayant accès à l’Internet peut contribuer à la guerre contre la désinformation. Plusieurs le font déjà en créant des vidéos ou des chansons comportant des messages de prévention par exemple.

Aussi dangereuse que le virus

Selon l’OMS, l’infodémie liée à la Covid-19 est tout aussi dangereuse que la maladie elle-même. Les fausses mesures de prévention telles que les traitements traditionnels africains, les faux remèdes, comme manger de l’ail, boire de l’eau tiède avec des rondelles de citron ou de l’alcool frelaté, entravent la lutte contre le virus.

De même, les théories du complot accusant la Chine d’avoir fabriqué le virus, les antennes 5G de propager la maladie, et Bill Gates d’avoir prémédité l’épidémie pour nous vendre un vaccin peuvent avoir des conséquences qui vont au-delà de la santé publique.

Un manifestant brandit une pancarte contre le magnat américain des affaires et philanthrope Bill Gates lors d’une manifestation contre l’ordre confinement émis par le gouverneur du Colorado pour endiguer la propagation du nouveau coronavirus, le 19 avril, à Denver. AP Photo/David Zalubowski

Ce type de rumeurs, mythes et faits exagérés alimente des formes inédites de xénophobie en ligne et hors ligne. Plusieurs personnes d’origine chinoise ou est-asiatique sont victimes d’insultes, d’agressions ou se voient refuser certains services.

Nourrir la confusion

Les internautes qui partagent des mèmes, des vidéos ou des photos se moquant du virus sur les médias sociaux, sans intention nuisible à la base, risquent aussi de propager de la désinformation. Le risque est d’alimenter la panique et la confusion dans la population. Les gens ne savent plus à qui faire confiance et deviennent plus vulnérables à la manipulation et à la cybercriminalité.

Autre source de confusion : l’attitude de Pékin. Les gouvernements occidentaux, la chancelière allemande, Angela Merkel à leur tête, ont interpellé le gouvernement chinois sur les origines du virus et l’ampleur réelle de la pandémie en Chine. Malgré les dénégations de Pékin d’avoir caché quoique ce soit, la disparition de lanceurs d’alerte chinois alimentent les spéculations, qu’elles aient des bases véridiques ou pas.

Contrer la désinformation

Plusieurs mesures ont été mises en place pour freiner la circulation des fausses nouvelles. Au Québec, des services de vérification des faits comme le détecteur de rumeurs sont à la disposition du public. L’OMS utilise son réseau existant appelé EPI-WIN pour traquer la désinformation dans plusieurs langues. Elle demande aussi aux géants de la technologie de filtrer les fausses nouvelles et de promouvoir des informations provenant de sources crédibles.

Google supprime les informations trompeuses concernant le Covid-19 sur YouTube, Google Maps, ses plates-formes de développement comme Play, et dans les publicités. Twitter vérifie, entre autres, les comptes qui sont des sources crédibles d’information sur le Covid-19 et surveille les conversations pour s’assurer que les mots clés recherchés sur le virus permettent d’accéder aux informations fiables.

L’OMS a aussi lancé une alerte sanitaire sur WhatsApp et un dialogueur ou chatbot sur Facebook Messenger, pour donner de l’information juste sur le virus.

L’Organisation des Nations unies (ONU) n’épargne aucun effort non plus pour s’attaquer à la désinformation et aux cyberfraudeurs qui exploitent la crise. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) soutient l’alliance Corona Virus Facts, qui rassemble plus d’une centaine de vérificateurs de faits ou facts checkers de plus de 45 pays regroupés au sein de l’International Fact-Checking Network

Se protéger soi-même

L’infodémie est aussi réelle que la Covid-19. Tout comme pour la maladie, nous devons prendre toutes les précautions pour nous en protéger et protéger nos proches. Si elle n’est pas stoppée rapidement, une fausse nouvelle partagée sur les médias sociaux devient vite virale et peut influencer un grand nombre d’utilisateurs.

Un virus invisible, qui, parfois, ne provoque aucun symptôme est difficilement contrôlable. Si la distanciation physique, les mesures d’hygiène et le port du masque semblent pour le moment les meilleurs moyens de limiter la propagation de la Covid-19, la vigilance est aussi l’une des meilleures façons d’éradiquer les fausses nouvelles.

D’abord, pour les détecter, il suffit de quelques clics. Ensuite, pour obtenir de l’information crédible, plusieurs ressources existent. Le Covid-19 Poynter resources, la page Covid-19 Alert sur Google, la page La maladie à coronavirus (COVID-19) au Québec du Gouvernement du Québec, et le site En finir avec les idées reçues, de l’OMS, sont des exemples de sites à consulter au besoin.

Demeurer critique quand on est submergé par une quantité incommensurable d’information provenant de milliers de sources plus ou moins crédibles est un grand défi. Les gens peuvent se demander comment jouer un rôle significatif alors que même les multinationales et les gouvernements n’arrivent pas à atténuer la portée de l’infodémie.

Réduire la propagation

La vérification des faits et les débats rationnels sont essentiels pour lutter contre l’infodémie liée à la Covid-19, mais ces stratégies peuvent avoir des effets pervers.

Une étude sur le virus Zika a montré que les tentatives de débusquer les fausses informations n’avaient pas permis de réduire les perceptions erronées sur le virus et avaient plutôt réduit la confiance des gens quant à l’exactitude des informations de l’OMS sur l’épidémie. L’une des raisons avancées est que dans un contexte chaotique, où peu d’informations factuelles sont disponibles sur les sources de la nouvelle menace et comment s’en protéger, certaines personnes se raccrochent à des explications simplistes plutôt que de déchiffrer des informations complexes.

Or agir contre la désinformation dans l’infodémie est la responsabilité de tous. Sans tenter de démystifier chaque fausse nouvelle, on peut toujours en réduire la portée. Voici cinq mesures pour éviter la propagation :

  1. Rester critiques sur les médias sociaux.
  2. Ne pas laisser de fausses informations dans nos réseaux en ligne. On peut demander poliment à la personne qui l’a partagé de l’enlever.
  3. Signaler la fausse information aux administrateurs de la plate-forme.
  4. En cas de doute, prendre le temps de vérifier l’information partagée.
  5. Faire plus de « bruit » que les personnes qui partagent des informations erronées.

Grâce à ces simples gestes, et en partageant souvent de l’information crédible, votre entourage et vous-mêmes serez moins exposés aux dangers de l’infodémie.

Les utilisateurs de médias sociaux passent plus de temps que jamais en ligne. Ils doivent absolument faire leur part afin d’arrêter la propagation des fausses nouvelles, qui continueront sans doute à proliférer, même au-delà de la fin de ce confinement.The Conversation

Nadia Naffi, Assistant Professor, Educational Technology, Holds the Chair in Educational Leadership in the Sustainable Transformation of Pedagogical Practices in Digital Contexts, Université Laval; Ann-Louise Davidson, Concordia University Research Chair, Maker culture; Associate Professor, Educational Technology, Concordia University et Houda Jawhar, Research assistant, Concordia University

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.