Dans un monde qui bouge à une vitesse vertigineuse, tous les schémas sont bousculés. Le Professeur Souleymane Bachir Diagne, qui enseigne à l’université Columbia aux Etats-Unis et dont la spécialité est de l’histoire des sciences et la philosophie islamique, pointe, dans cette interview, ses projecteurs sur l’état de la démocratie dans le monde, en insistant sur le cas des Etats-Unis fraîchement sortis de l’ère Trump.
Pour ce philosophe considéré comme l’un des meilleurs au monde, la vitesse qui imprime la cadence des mutations observées partout dans le monde exige une attention particulière sur les jeunes et les réseaux sociaux. Dans ce premier jet de notre entretien, le Pr Souleymane Bachir Diagne conseille une prise de conscience urgente des enjeux, si l’Afrique ne veut pas rater les grands rendez-vous de l’histoire.
Bonjour Professeur. Nous vous remercions d’avoir bien accepté de vous entretenir avec nous. Le prétexte de cette interview, ce sont nos 10 ans d’existence que nous célébrons. Et que nous avons choisi de le faire coïncider avec le premier anniversaire du décès de Babacar Touré.
Justement, avec ce préambule, j’aimerais dire à quel point je suis heureux de participer à la célébration de ce 10ème anniversaire parce que la presse, c’est important en régime démocratique. Et un journal qui fête ses 10 ans, c’est un journal qui a grandi. J’en profite donc pour saluer la mémoire de Babacar Touré. C’est quelqu’un pour qui j’avais une énorme considération. Et je suis heureux de pouvoir participer ainsi à cet hommage qui est rendu à cette figure irremplaçable qu’il aura été pour la presse sénégalaise et la démocratie sénégalaise en général.
Merci pour cet hommage. Il y a de plus en plus de personnes émettent des doutes sur la viabilité de la démocratie comme système politique capable de prendre en charge les préoccupations du citoyen. Peut-on parler de la crise de la démocratie dans nos pays ? Ou même d’une crise à un niveau mondial, au regard de ce qu’on observe en terme de montée de l’intolérance, du racisme etc ?
Absolument. Je pense qu’il faut d’abord commencer par le monde dans sa globalité et dire qu’il y a une crise réelle de la démocratie et que cette crise est mondiale. On vit un moment où, il y a une compétition ouverte entre des régimes plutôt autoritaires, mais qui tablent sur leur propre efficacité économique et qui mettent, pour ainsi dire, les démocraties sur la défensive. On a vu des crises absolument inouïes auxquelles on n’aurait pas pensé, il y a simplement quelques années, se manifester. Lorsque par exemple, la démocratie américaine elle-même a été très fortement chahutée. Et il est clair qu’aujourd’hui, il y a un effort aussi – il ne faut pas se le cacher – pour discréditer la démocratie. Du coup, il y a une sorte de tentation de dire, mais après tout, la démocratie, c’est un régime comme un autre. Est-ce qu’il n’est pas préférable d’aller vers des régimes qui manifesteraient une plus grande efficacité. On pourrait douter que la démocratie soit véritablement efficace pour faire face à un certain nombre de défis (…).
D’ailleurs, un de vos collègues le Pr Djibril Samb, dans son dernier ouvrage, évoque ce qu’il nomme ‘’Post-démocratie’’, en invitant à penser à un autre système qui serait meilleur. Cela rentre peut-être dans ce cadre-là aussi ?
Oui, d’une certaine façon. Maintenant, tout dépend de ce qu’on veut mettre sous le terme ‘’meilleur’’. C’est la raison pour laquelle, j’ai utilisé jusqu’à présent le concept d’efficacité. On peut avoir l’impression qu’un régime ou une décision rationnelle s’impose à tous et qui serait donc plus efficace. A ce moment-là, on met sous le terme ‘’meilleur’’, l’idée de la notion d’efficacité. Mais, il ne faut jamais oublier que la démocratie est d’abord et avant tout, un idéal éthique. Si on est convaincu, sur le plan éthique et philosophique, qu’un régime démocratique est le régime qui se prête le mieux à l’épanouissement de ce qu’il y a de plus important chez l’humain (…) ceci est d’abord une thèse éthique.
Et si la démocratie repose sur cet idéal éthique, à ce moment-là, la notion de ‘’meilleur’’ change totalement de sens. Et donc, cela nous conduit à dire que, si dans notre monde aujourd’hui, la démocratie est fortement chahutée, la démocratie a montré sa fragilité, sa vulnérabilité, il est quand-même important de tenir ferme l’idéal démocratique au nom de l’humain et au nom d’un certain humanisme et au nom d’une certaine éthique à introduire dans la politique. Je pense que, de ce point de vue, probablement, mon collègue et ami Djibril Samb pourrait être d’accord.
Mais si on favorise l’approche pragmatique et là j’interroge quelque chose qu’on pourrait assimiler à votre intime conviction, pour parler comme le juge, quel serait votre niveau de foi en la démocratie sous l’angle de sa capacité à survivre aux crises actuelles ? Pensez-vous que la démocratie pourra résister au temps, si on prend une échelle temporelle dans 30 ou 50 ans ? Beaucoup de personnes pensent que les perspectives sont sombres.
Je pense qu’il y a un élément de pari à considérer. Parce que mon ultime conviction ne reposera pas sur des évidences qui seraient des évidences absolument indiscutables. On a vu les démocraties s’affaisser. Il faut toujours se rappeler, il est important de regarder les leçons de l’histoire et de se rappeler qu’Hitler est arrivé démocratiquement au pouvoir et son arrivée démocratique au pouvoir a signifié la fin de la démocratie dans l’Allemagne de l’époque. Donc, les fascismes ont toujours prospéré en utilisant précisément, les mécanismes démocratiques pour aller ensuite contre ces mécanismes démocratiques.
Mais, l’un dans l’autre et justement si on se donne le temps long, ce qui fait ma conviction d’une victoire ultime de la démocratie c’est précisément le fait qu’il me semble correspondre à une vérité éthique de ce que signifie être humain. Voilà, ce sur quoi, je fonde ma conviction. D’abord que le régime démocratique est meilleur, malgré tout, y compris dans le long terme, en terme d’efficacité. Parce que, les talents humains se développent mieux dans le long terme en régime de liberté, en régime démocratique et aussi, pour ce qui est de la visée éthique qui est le moteur même de cet idéal démocratique.
On a l’impression que la discussion ou le dialogue n’est plus d’actualité, que les acteurs politiques, sociaux, n’acceptent plus ces règles du jeu.
Oui, j’ai la même impression que vous et je crois que cela fait partie de ce que nous avons convenu d’appeler une crise actuelle des démocraties. C’est-à-dire que la foi ou si vous voulez une adhésion des élites politiques à un certain nombre de règles communes, à un langage qui serait également un langage commun, cette adhésion-là ne va plus de soi. Nous sommes dans un monde qui est très divisé politiquement où, on a l’impression que les divisions politiques, les antagonismes politiques sont devenus de véritables tribalismes. On parle beaucoup de tribalisme, d’ethno-nationalisme, et quand vous parlez de tribu c’est pour dire au fond qu’on n’a même plus de langage commun. Parce qu’avoir des différends, être en désaccord, d’une certaine façon, cela suppose de s’entendre sur une langue commune et de faire référence ensemble à un certain nombre d’institutions dans lesquelles on a confiance.
Et, si ce minimum n’existe plus, vous avez évidemment des différends qui sont absolument irréconciliables. Vous avez des tribus qui ne parlent plus la même langue et vous n’avez plus des possibilités de convergence ou des possibilités de trouver des terrains sur lesquels, il est possible de bâtir des consensus. Et ceci, c’est le grand danger. La grande fragmentation, y compris du langage politique, de la confiance que l’on peut avoir dans les institutions qui imposent les règles du jeu. Si on ne s’entend pas sur les règles du jeu, évidemment, il n’y a plus aucun moyen de concilier les positions et de faire que les sociétés avancent dans l’opposition, mais également, l’accord sur un certain nombre de principes fondamentaux.
Prenons un exemple précis, la crise de la démocratie américaine. Il a suffi qu’un président battu, sortant, dise qu’’’il y a eu fraude et c’est la raison pour laquelle j’ai perdu’’, une simple déclaration, pour que la crise s’installe. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, encore, la proportion de ceux qui ont voté républicain, et qui croient ou en tout cas qui déclarent avec force que les élections ont été truquées est encore extrêmement élevée. Et tout cela a reposé simplement, sur la possibilité de dire que ‘’je n’ai pas confiance en un mécanisme qui pourtant a fonctionné pendant des décennies et des centaines d’années.
Donc, la règle minimale qui voulait que le perdant reconnaisse sa défaite et dise : ‘’vous avez gagné, félicitations’’, cette simple règle, il suffit qu’on ne soit plus d’accord pour prononcer une phrase comme celle-là, pour fausser les règles du jeu. Parce que, précisément, les antagonismes sont devenus tels que cette politique démocratique élémentaire n’est même plus possible, parce qu’on ne voit plus l’autre comme un adversaire politique, mais véritablement, l’ennemi qui appartient à l’autre tribu (…). Cela montre la vulnérabilité et la fragilité de ce régime qui est pourtant, le meilleur en dehors de tous les autres.
C’est même une fragilité globalisée. C’est un retour à la barbarie et on a l’impression que c’est mondialisé. C’est le cas en Afrique… C’est effrayant…
Mais oui, c’est effrayant (…). Dans la Constitution européenne, vous aviez cette sorte de convergence démocratique élémentaire qui faisait que les Etats européens pensaient parler la même langue démocratique. Mais vous avez des régimes, comme la Biélorussie aujourd’hui, ou des régimes très autoritaires comme le régime polonais, ou hongrois (…). Cela montre que l’idéal démocratique, l’impression où on était après la chute du mur de Berlin, que l’humanité allait tranquillement vers une sorte de consensus démocratique, ce sentiment-là n’existe plus aujourd’hui.
Mais aujourd’hui, Professeur est-ce qu’on peut mettre les réseaux sociaux dans le même puzzle de ce que vous êtes en train de décrire comme phénomène d’anarchisation de l’espace public ?
Absolument. Parce que ce sont les réseaux sociaux qui sont principalement, le multiplicateur. Au fondement de cette crise se trouve le fait que nous vivons dans un monde aujourd’hui des réseaux sociaux et de l’amplification que ces réseaux provoquent. Si on veut résumer au fond le problème, on dira qu’absolument les réseaux sociaux par la force des choses, sont aujourd’hui, constitutifs de l’espace public (…) Or, vous avez une propriété privée de l’espace public. Voilà le problème. L’espace public aujourd’hui, est déterminé Twitter, Facebook, tous ces réseaux sociaux. On demandera par exemple à Zuckerberg de contrôler une parole qui devient une parole dangereuse. On demandera à Twitter et il l’a fait, d’enlever à l’ancien Président américain Trump son compte, parce qu’il peut produire des discours qui peuvent être des discours dangereux, puisque la crise du Capitole a montré cela. Ce qui est un vrai problème.
Or, c’est cela l’espace public. Philosophiquement, l’idéal serait un espace public où des individus rationnels donnent une opinion et argumentent. Or, les réseaux sociaux qui déclarent simplement créer des tuyaux en disant que ‘’moi je ne suis responsable que des tuyaux, c’est vous qui êtes responsables des contenus’’ ; cela ne marche pas de cette manière-là. On voit que les réseaux sociaux, ce n’est pas un espace d’argumentation. Les réseaux sociaux en eux-mêmes portaient une promesse démocratique et portent toujours une promesse démocratique, parce que c’est vrai que toutes les voix s’équivalent d’une certaine façon.
Il y a bien du positif…
Oui, il y a un peu de positif (…) Les réseaux sociaux sont la meilleure et la pire des choses. Parce qu’ils offrent un espace à toutes les manipulations, à toutes les fabrications d’opinions. Parce que vous avez des spécialistes des réseaux sociaux qui orientent les opinions, qui peuvent les fabriquer… Qui peuvent se doter des articles d’ici et là, créer artificiellement une discussion et emporter l’adhésion de beaucoup ou alors diffuser de fausses nouvelles, pratiquer la désinformation, etc.
Il faut sans doute préciser que ce n’est pas un apanage purement occidental que dans nos pays, en Afrique, à Dakar, au Sénégal, on remarque qu’avec des échanges qui s’opèrent sur des sujets politiques, sociaux, etc., une certaine virulence, une certaine déviance, et même souvent un langage ordurier, des insultes, etc.
Malheureusement, oui, c’est mondialisé. Et justement, c’est la même culture, ou inculture, qui est répandue partout. Parce que le problème sur les réseaux sociaux c’est que si vous et moi, nous essayons de produire une argumentation quelque peu philosophique, elle n’attirera pas beaucoup d’attention. Elle attirera peut-être l’attention de certains, mais cela ne sera pas sûrement sur les réseaux sociaux. Donc, pour se faire entendre, il faut faire toujours dans l’outrance. Il faut être dans l’insulte, il faut avoir une voix tonitruante. Donc, malheureusement, c’est la nature même du médium qui demande une certaine forme d’outrance pour attirer l’attention dans un milieu où tout le monde a le droit et la possibilité de s’exprimer. Donc, l’insulte malheureusement, fait plus de bruit et attire davantage l’attention qu’un argument qui essaie de produire un raisonnement.
Et comment appréhendez-vous le couple réseaux sociaux-jeunesse, relativement ce qui se passe dans un pays comme le nôtre où la population est très jeune… ? Ces jeunes sont nés avec ces réseaux sociaux pour la plupart…
Plus on avance dans les générations, plus on a affaire à des générations qui sont nées avec l’internet, qui sont nées avec les réseaux sociaux. J’imagine que les jeunes, aujourd’hui, ont du mal à considérer qu’il y a eu un monde avant Internet. C’est leur monde. Ils naissent avec ces outils-là en main. Et d’autre part, tous les sondages le montrent. Qu’il s’agisse d’ailleurs du nord ou du sud, quand vous demandez la proportion les gens qui tiennent leurs informations des réseaux sociaux, non seulement, elle est très importante, elle est évidement de manière disproportionnée, bien plus importante chez les plus jeunes. Plus on est jeune, plus on prend ses informations davantage sur les réseaux sociaux avec son téléphone qu’en lisant des journaux. Et donc, démographiquement, les réseaux sociaux ont de l’importance et vont avoir de plus en plus d’importance. Parce qu’ils sont la source principale d’information et aussi désinformation pour les plus jeunes. C’est avec cela aussi qu’il va falloir essayer de compter.
N’avez-vous pas l’impression que nos sociétés bougent un peu trop vite et que cela pourrait être dangereux pour l’avenir ?
Les sociétés bougent et bougent très vite. Gaston Berger, le père de la Prospective disait que non seulement les choses vont vite mais elles vont aller de plus en plus vite, c’est-à-dire que la vitesse avec laquelle les sociétés changent va être cumulative, exponentielle. Plus ça change, plus ça va changer très vite. Les transformations vont à une vitesse absolument folle et ce sont des transformations technologiques mais évidemment aussi sociales. C’est la raison pour laquelle j’évoque ici Gaston Berger, non pas seulement pour faire une citation, mais pour donner également pour dire que c’est le moment pour faire de la bonne prospective. Nous devons avoir, non pas, le nez sur le guidon, sur le présent, mais essayer d’anticiper. Les sociétés qui s’en tireront le mieux dans ces changements immenses qui sont en train de se produire sont celles qui s’adapteront vite. Parce que sur le plan scientifique et technique, les changements qui se sont produits dans les 50 dernières années et qui vont se produire dans les années qui vont venir vont être infiniment plus importants que l’ensemble des changements qui se sont déroulés pendant des siècles. Il faut que les sociétés anticipent. Il faut une réponse de renforcement de la capacité d’anticipation. C’est ce que commande une situation comme celle-là. Supposons que nous soyons dans une voiture, sur une route que nous ne connaissons pas la nuit tombée, il faut avoir les phares les plus puissants pour pouvoir anticiper des tournants et des virages que l’on ne voit pas ou que l’on ne voit qu’au dernier moment (…) Cela demande une maîtrise profonde des connaissances qu’il faut avoir sur le déroulement du monde et cela demande aussi une bonne imagination appuyée sur une bonne connaissance sociologique.
On peut donc percevoir la jeunesse africaine, sénégalaise comme à la fois une menace et une opportunité ?
Absolument ! C’est la conséquence qu’il faut en tirer. Pour prendre une image, c’est comme ce qu’on appelle la force d’inertie en physique. C’est-à-dire quand vous avez une masse, elle se présente à vous d’abord comme un poids et il est très difficile de la faire bouger. Mais une fois que cette masse est lancée, la force d’inertie signifie que précisément elle n’est pas arrêtable. L’inertie est à la fois le poids qui pèse sur vous, qui s’oppose à ce que vous voulez faire, mais également ce qui, une fois mise en branle accompagne et amplifie vos propres efforts. Nous devons voir notre jeunesse de ce point de vue-là. Nous avons une masse énorme de jeunes. Cela signifie qu’il faut les éduquer, mettre un maximum de maîtres bien formés devant un nombre maximal de classes. Cela signifie également qu’il faut la nourrir cette jeunesse, lui trouver un emploi, etc. Par ailleurs, c’est cela la première richesse des humains, ce sont les humains eux-mêmes. Si nous regardons la démographie mondiale, la jeunesse humaine va se trouver massivement dans deux générations sur le continent africain. L’énergie humaine qui est elle-même le moteur principal de la marche de l’humanité sera sur notre continent. C’est un atout formidable. D’ailleurs, le monde s’en rend compte. La raison pour laquelle on est passé d’un discours très pessimiste, paternaliste et protecteur sur l’Afrique à une véritable compétition qui continue à se développer entre les Nations pour construire des partenariats avec l’Afrique, c’est la réalisation de ce potentiel extraordinaire africain. Ce potentiel n’est pas que constitué de nos ressources naturelles. Ça c’était la vision traditionnelle d’un continent riche en ressources naturelles à exploiter mais c’est également la richesse humaine que l’Afrique va représenter dans un futur qui n’est pas si lointain. Et cela il faut que nous le sachions mais à la condition, ceci n’est pas fatal. Le philosophe Auguste Comte à qui nous devons cette fameuse phrase : la démographie est un destin. Ce qui est vrai. La démographie est déterminante pour les évolutions de nos sociétés. Mais ce destin, il faut l’accompagner, lui donner forme, lui donner une certaine direction. Faire cela signifie mettre l’accent sur l’éducation. Cela veut dire que cette jeunesse africaine sera l’atout principal de notre continent à la condition que nous relevions le défi extraordinaire de l’éducation et de la formation. Seule une jeunesse bien formée sera, indiscutablement, l’atout du continent africain dans l’avenir.
Par Enquête