vendredi, novembre 22, 2024

Chérif NDIAYE, fondateur EAS: « Le numérique, une alternative permettant aux élèves d’apprendre à leur guise »

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Covid_19, Education et numérique : voilà comment nous pourrions résumer le contenu de notre entretien avec Monsieur Chérif Ndiaye, fondateur de « Ecole au Sénégal », la première plateforme éducative d’Afrique francophone et Responsable de la formation continue à l’Université virtuelle du Sénégal (UVS). Avec la pandémie qui a eu pour conséquence la fermeture des établissements d’enseignements primaire, secondaire et universitaire, « Ecoles au Sénégal » a été sollicitée par le Ministère de l’Education nationale du Sénégal, pour permettre aux élèves d’accéder aux enseignements en vigueur dans leurs programmes. Entretien.

Si je vous demandais, en quelques mots, de nous décrire « Ecoles au Sénégal » ?

Ecoles au Sénégal (EAS) est une plateforme d’appui pédagogique apportant du contenu de qualité à tous les élèves indépendamment de leur milieu social ou de leur genre. Notre vision se résume ainsi : utiliser le numérique pour réduire les inégalités en matière d’accès à une éducation de qualité, promouvoir les matières scientifiques ainsi que la représentativité féminine dans le secteur de l’Education.

Comment vous est-il venu l’idée de la créer ?

« Le numérique pourrait être une alternative et une réponse réelle en permettant aux élèves d’apprendre à leur guise, mais également de valoriser les meilleurs enseignants qui sont en milieu rural ou urbain. »

L’idée date de 2012, une année électorale au Sénégal ; et les élections présidentielles chez nous, riment avec des perturbations à beaucoup de niveaux, surtout en milieu scolaire. Les syndicats d’enseignants étalent leur chapelet de revendications, les élèves qui réclament de meilleures conditions d’apprentissage, en somme, une année scolaire mouvementée.

Suite à ces différents constats, en tant que passionné du numérique, je me suis dit que ce dernier pourrait être une alternative et une réponse réelle en permettant aux élèves d’apprendre à leur guise, mais également de valoriser les meilleurs enseignants qui sont en milieu rural ou urbain.

Après la décision de fermer les établissements scolaires par le Président de la République, vous avez signé une convention avec le ministère de l’Education nationale. Quel est le contenu de cette convention ? Quel est l’apport « d’Ecoles au Sénégal » pour les élèves et étudiants qui l’utilisent ? 

« EAS s’avère être un appui précieux, décisif et très prisé par les apprenants. »

L’Etat s’est engagé à collaborer de manière étroite via le Ministère de l’éducation nationale en acceptant de prendre en charge une partie des charges liées à la production des contenus, de travailler sur une vision commune de l’enseignement et de l’Education au Sénégal.

Lire aussi: L’enseignement à distance, une nécessité et un atout pour l’Afrique

EAS a vu ses statistiques augmenter significativement depuis la fermeture des écoles et s’est dès lors engagé à augmenter sa fréquence de production de contenus. Certainement pas une alternative à l’éducation classique qui est certifiante ou diplômante, EAS s’avère être un appui précieux, décisif et très prisé par les apprenants.

Pourriez-vous être plus précis sur les statistiques concernant les taux de fréquentation ?

Durant les 28 derniers jours, on a plus 218000 vues de plus que la moyenne qui était de 50000 vues et plus de 4100 nouveaux abonnes avec 24301 vues ces derniers 48h.

Comment fonctionne la plateforme ? Et quels types de contenus y ont disponibles ?

Nous produisons et mettons en ligne des cours sous forme de vidéos, le format le plus plébiscité par les jeunes. Ils peuvent ainsi réviser leurs cours à leur rythme et selon leur disponibilité.

Comment faites-vous la sélection des enseignants ? Sont-ils rémunérés ?

Le recrutement des enseignants se fait par appel à candidature. Ensuite on procède à une phase test et enfin les meilleurs sont retenus. Ils sont rémunérés.

Etes-vous présents sur le plan international ?

Pour le moment, nous n’avons pas une présence sur le plan international mais ça fait partie de nos perspectives de développement.

Financez-vous sur fonds propre, ou y’a-t-il un modèle économique qui permet de pérenniser le projet ?

EAS n’a pas de modèle économique. Le financement se faisait sur fonds propre au début et ensuite des partenaires nous ont rejoint.

Je rappelle que vous êtes responsable de la formation continue à l’UVS et qu’un projet de convention est en gestation. Quels seront les axes majeurs de ce partenariat ? 

L’UVS est un partenaire stratégique d’Ecoles Au Sénégal et nos échanges de collaboration ont démarré bien avant que je n’intègre l’institution.

Nous partageons ensemble la promotion du numérique dans le secteur de l’enseignement, eux en tant qu’université publique qui couvrent le post bac et nous les élèves du primaire, collège et lycée.

UVS forme des étudiants en multimédia, sciences de l’éducation, développement web et mobile et autres formations qui tournent autour du numérique, ces différents profils intéressent notre organisation car nous collaborons avec des enseignants et acteurs de l’éducation qui sont un peu partout à travers le pays et l’UVS couvre l’étendue du territoire à travers ses ENO.

Beaucoup d’élèves n’accéderont pas à vos cours, faute d’accès à une connexion internet. Comment pensez-vous qu’on pourrait réduire, voire éradiquer cette inégalité face au numérique, surtout chez les apprenants ?

Une convention a été signée avec Expresso pour permettre aux apprenants de se connecter gratuitement sur la plateforme EAS. Nous envisageons également de mettre en place un dispositif permettant aux zones non connectées d’avoir accès au contenu pédagogique d’EAS.  Nous y travaillons sereinement, car lutter contre les inégalités en matière d’apprentissage est un de nos crédos.

Vous êtes un acteur reconnu dans l’Education. Quelles peuvent être les conséquences de cette crise sur le secteur ?

« La fermeture des écoles comme mesure première de distanciation sociale aura forcément un impact négatif sur les apprenants. »

En effet, le secteur de l’éducation n’échappe pas aux conséquences de la crise de la Covid 19. La fermeture des écoles comme mesure première de distanciation sociale aura forcément un impact négatif sur les apprenants. Les risques de désapprentissage sont dûs aux faibles possibilités d’apprendre à la maison surtout ici en Afrique ; l’abandon car certains manquant de soutien et de repère en éducation chez eux sont très susceptibles de ne plus vouloir continuer une fois la réouverture des classes.

Que pensez-vous de la reprise des cours préconisée par l’Etat ? La situation actuelle y est-elle favorable ?

« Je pense que bien que la situation soit défavorable, il faudra trouver une solution surtout pour les classes d’examen. »

La prolongation de la fermeture des écoles n’est pas une solution fiable. Il suffit de mettre en place des mesures adéquates pour éviter une année blanche aux élèves en classe d’examens.

Que proposeriez-vous pour sauver l’année académique en cours, mais aussi et surtout pour rattraper tous les enseignements ratés ? 

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« Il est hors de question de déclarer une année blanche. »

Il est hors de question de déclarer une année blanche. Les élèves en classe d’examens étant une priorité, la reprise des cours est la seule solution pour eux. Il faudra juste mettre en place les mesures de distanciation sociale et de prévention qu’il faut. Les élèves des autres classes pourraient se limiter à une session unique et poursuivre leurs études l’année prochaine.

Quel est votre dernier mot ?

Le numérique c’est déjà le présent et surtout l’avenir. Il est temps que l’Afrique en prenne conscience et agisse en conséquence.

 

Entretien réalisé par Garmy SOW de l’UVS