En cette période de pandémie, tous les moyens technologiques sont en train d’être déployés afin de mettre fin aux contaminations. Ainsi, même les données satellitaires pourraient être employées pour nous prédire de futures épidémies comme celle actuelle.
Même si depuis une soixantaine d’années des satellites sont en orbite, c’est seulement durant ces vingt dernières années que leurs données sont utilisées pour des fins de santé publique.
Ce qui a fait qu’il y a treize ans la NASA nous partageait sa conviction dans la possibilité de ses satellites de prédire et prévenir des flambées de maladies contagieuses à travers le monde.
Les scientifiques pensent que le SARS-CoV-2 s’ajoutera à la liste de des virus qui affectent la race humaine et qui risque de se manifester à nouveau dans l’avenir.Rita R. Colwell, spécialiste en écologie microbienne moléculaire, affirme qu’une matrice complexe d’informations pourrait fournir les réponses nécessaires pour prédire où et quand la prochaine série de cas de COVID-19 se manifestera.
Les conclusions de ces travaux révolutionnaires devraient être publiés dans GeoHealth, une revue de l’Union américaine de géophysique.
D’après cette universitaire, son équipe a appliqué des techniques d’apprentissage automatique à des données en provenance de Chine, d’Italie, d’Espagne et des Etats-Unis pour en retirer des corrélations avec des données satellitaires ainsi qu’avec les températures de l’air et des paramètres concernant l’humidité des surfaces (par exemple l’humidité et le point de rosée).
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«Nous sommes en train de réaliser des tests, nous pensons que nous serons peut-être en mesure de prédire quand le risque sera le plus élevé dans telle ou telle région» a-t-elle déclaré d’après le site scidev.
En effet, en employant des données venant du programme d’observation de la terre Landsat, les chercheurs ont pu démontrer qu’il y avait une corrélation directe entre les concentrations de chlorophylle et les éclosions de phytoplancton d’une part et le choléra de l’autre.
« Les satellites sont vraiment un outil de santé publique très utile, dit Rita R. Colwell. Avec les satellites très sophistiqués qui sont maintenant là-haut, on peut recueillir des données d’une demi-douzaine de satellites qui mesurent les mouvements de populations, les travaux de construction sur le terrain, ou encore la température de la surface de la mer, la hauteur de la surface de la mer, et la chlorophylle. »
L’avenir des satellites et des épidémies
Certes, la technologie n’est pas pour le moment en mesure de prédire des flambées de maladies inconnues. Les analystes observent néanmoins attentivement les développements depuis l’espace : « Je suppose qu’on pourrait dire que nous faisons de l’épidémiologie informatique », confie Rita R. Colwell.
Pour Timothy E. Ford, « les satellites ne sont pas une panacée mais ils peuvent être un outil efficace lorsqu’il s’agit de prédire de possibles futures épidémies. » Selon lui, les satellites sont utiles dans le domaine de l’atténuation directe, par exemple lorsqu’il s’agit de donner l’alerte dans des régions où on s’attend à des flambées de maladies, ou de réorienter les ressources médicales.
Rita R. Colwell et son équipe ont mis au point un système de filtration par sari, déployé au Bangladesh, qui permet d’éliminer de grandes quantités des bactéries qui causent le choléra.
Le simple fait de faire des plis multiples dans un sari (une longue pièce d’étoffe drapée autour du corps pour former une robe) crée un filtre à eau qui intercepte de nombreux agents contaminants. La méthode a entraîné une réduction de 50% des cas de choléra, ce qui pour le Timothy E. Ford constitue « un succès remarquable ».
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Par ailleurs, en 2018 et en 2019, Rita R. Colwell et deux autres chercheurs avec qui elle a collaboré, Antar Jutla, un professeur en ingénierie, et Anwar Huq, professeur en biologie cellulaire et génétique moléculaire, ont communiqué des prévisions qui ont permis à des équipes médicales et d’atténuation de planifier leurs interventions en avance par rapport à des flambées de choléra au Yémen.
L’outil de prévision a permis de prédire avec un taux de précision de 92% quelles seraient les régions à haut risque de flambées au Yémen.
Le recours à la technologie spatiale n’appartient plus au domaine de la science-fiction. Comme dit la Rita R. Colwell, « ce n’est plus une simple possibilité : cela existe et c’est utile. »
Avec scidev