L’utilisation des nouvelles technologies par les mineurs devient de plus en plus inquiétante pour la société. Avec les multiples risques qui sont présents dans le cyberespace, cette couche sociale très vulnérable est souvent exposée à des dangers qu’ils ne maîtrisent pas assez. Avec ce nombre pléthorique de plateformes de médias sociaux et de la facilité d’utilisation d’internet, nous constatons une montée exponentielle de la présence des mineurs en ligne. En ce sens, divers facteurs peuvent expliquer cette situation qui est souvent considéré comme un inconvénient majeur pour la société.
L’utilisation des nouvelles technologies devient de plus en plus inéluctable pour la société. Considéré comme la révolution la plus importante pour l’humanité, le numérique en général et l’internet en particulier reste à ce jour un village planétaire qui regroupe des milliers de personnes d’origines différentes. Ainsi, compte tenu des réalités sociales et de l’importance qu’occupe ce réseau dans notre quotidien, il parait difficile voire même impossible de se désintéresser à cette révolution digitale. Son utilisation peut être différente et dépend le plus souvent des objectifs visés par l’usager. En effet, si certaines personnes exploitent l’internet à des fins purement professionnelles, d’autres internautes profitent du contenu social, éducatif ou même divertissant. Alors, ce monde virtuel s’agrandit de jour en jour et enregistre des nouveaux entrants continuellement.
Une explosion du nombre d’internautes dans le monde ;
Selon le rapport de We are social de 2019, les chiffres relatifs à l’utilisation d’internet en général et des médias sociaux en particulier sont devenus alarmants. Sur les 7.676 Milliards de personnes dans le monde, 4.388 milliards d’entre eux de sexes et d’âges différents sont des internautes et 3.484 milliards sont actifs sur les médias sociaux.
Au Sénégal, le nombre d’internautes continue d’évoluer exponentiellement. Sur une population de 16.52 Millions d’habitants, 9.75 Millions utilisent ce réseau et 3.50 Millions d’entre eux sont actifs sur les médias sociaux.
Parmi cet important nombre d’utilisateurs figure une couche sociale sensible et très vulnérable aux risques présents sur la toile. Cette catégorie de personnes dite mineur dans le jargon juridique a été bien définie en droit sénégalais. Ainsi, selon l’article 276 du code de la famille, sont mineures les personnes de l’un ou de l’autre sexe qui n’ont pas encore l’âge de 18 ans accomplis. Leurs présence en ligne suscitent des débats et poussent beaucoup de pays à s’intéresser davantage sur la question de leur protection.
Les causes de la présence des mineurs en ligne sont nombreuses ;
Nonobstant l’ouverture de la toile à toutes les couches sociales, la présence des mineurs en ligne n’est guère enthousiasmante au Sénégal. Cette situation assommante est souvent due à plusieurs raisons. Toutefois, si une partie de la population fustige l’accessibilité et la facilité d’utiliser internet et les réseaux sociaux, d’autres préfèrent soulever la question de la pluralité des plateformes de médias sociaux qui ne cessent de s’accroitre.
Face à ses multiples motifs qui gravitent autour de la situation, les parents continuent de démontrer leurs incapacités à veiller et à contrôler les activités de leurs enfants en ligne. Cette absence de contrôle parental peut être justifiée d’une part par un manque de culture numérique observé chez certains parents. D’autre part les contraintes de temps occasionnées par les activités professionnelles fait que certains d’entre eux s’intéressent rarement sur la présence de ces mineurs en ligne.
Les conséquences qui peuvent découler de cette situation sont énormes ;
Cette situation qui est pour la plus part aggravante peut avoir des conséquences majeures sur le mineur. Avec les risques énormes qui sont présents sur la toile, cette couche sociale peut souvent être exposée à des dangers exorbitants tels que le cyber harcèlement (menaces et chantages), les images à caractère sensible ou sexuel (pédopornographie) ou encore le détournement de leurs données personnelles à des fins commerciales sans le moindre consentement. À ce titre, s’ajoute l’absence de mécanisme consistant à filtrer l’âge des usagers sur la majeure partie des médias sociaux. Les responsables de traitement de ces plateformes collectent en masse les données des personnes qui utilisent leurs services, y compris celles des mineurs.
Au Sénégal, les efforts consentis par le législateur national en matière de protection des mineurs en ligne ne sont pas assez fabuleux. La loi n° 2008-12 du 25 janvier 2008 sur la protection des données à caractère personnel réserve un traitement plus ou moins faible pour cette catégorie sociale. Les dispositifs normatifs ne sont pas à la hauteur des attentes, surtout dans un contexte marqué par l’addiction des mineurs à ces innovations technologiques.
Ainsi, sur la base de ce constat, des solutions devront être préconisées pour pallier les risques que guettent les mineurs sur leur présence en ligne
Quelques recommandations visant à remédier à ce fléau ;
Pour faire face à cette situation, plusieurs mécanismes peuvent être engagés par les différents acteurs de l’écosystème :
D’abord, la sensibilisation semble être la clé de voute pour amoindrir les dangers qui ne cessent de se multiplier dans le cyberespace. Toutes les parties prenantes de l’écosystème doivent unir leurs forces pour fomenter et assister les mineurs à être beaucoup plus prudents sur la toile. Ainsi, l’insertion de programmes de sensibilisation dans les écoles pourrait considérablement réduire la propagation de ce fléau.
Du côté des parents, ils doivent renforcer leurs responsabilités pour assurer la mission de contrôle parentale sur leurs enfants mineurs. À cet effet, les mécanismes techniques (filtrage de certains sites, limité les heures de connexions) pourraient être des solutions adaptées pour remédier à ce phénomène.
Enfin, le cadre juridique de protection des mineurs sur internet doit être renforcé afin de garantir un niveau de sécurité beaucoup plus élevé à ces derniers. Pour ce faire, le législateur national devra dorénavant introduire de nouvelles dispositions dans le corpus juridique interne, comme à l’image de l’Europe avec le nouveau règlement (RGPD) qui oblige une protection spécifique des mineurs. Dès lors, compte tenu de son état d’immaturité et de ses incapacités intellectuelles et physiques, le mineur doit nécessairement bénéficier d’une protection optimale contre les différentes menaces qui pourraient impacter négativement sa vie. En ce sens, les risques fréquents présents dans le cyberespace ne sont pas laissés en rade, vu que les enfants sont devenus de plus en plus addictifs aux nouvelles technologies.
Cyberjuriste-Consultant SAYTU.SA