A l’occasion de la deuxième édition de la Kinshasa Digital Week, le conseiller du numérique Monsieur Dominique Migisha, a bien voulu nous accorder une interview le samedi 13 avril dernier afin de nous expliquer son rôle dans la transformation numérique qui se prépare en RDC. Il occupe depuis le 16 mars 2019 la place de conseiller spécial en charge du numérique, du Président de la République, monsieur Félix Tshisekedi Tshilombo.
Quelle est la situation du numérique en RDC ?
Auparavant, la fonction de conseiller du numérique n’existait pas. II faut saluer la vision du chef de l’Etat, qui a créé cette fonction parce qu’il est porteur d’une vision du numérique pour la République Démocratique du Congo. Nous sommes un grand pays, au cœur de l’Afrique, et malheureusement depuis de nombreuses années, nous avons prit un certain retard dans ce secteur alors que le numérique est aujourd’hui un véritable vecteur de développement mais surtout un formidable outil pour une meilleure gouvernance. Et c’est dans ce sens là, que le choix de créer cette fonction, traduit la volonté du Président de remettre le numérique au coeur de l’agenda politique.
Quelles sont les actions prioritaires dans le secteur du numérique ?
Le Président Félix Tshisekedi est porteur d’une véritable vision pour son pays dans le secteur du numérique. Il y aura dans son action trois grandes phases. La première phase sera une phase d’état des lieux où nous allons regarder tout ce qui s’est fait au niveau des ministères, des provinces, des entreprises du portefeuille de l’état et au niveau des services publics. L’idée est d’avoir désormais une approche cohérente et globale. Par le passé, de nombreux projets dans le secteur du numérique ont été engagés par des ministères et des entreprises mais de manière disparate et non coordonnée avec des résultats assez faibles. D’une certaine manière, c’est ce qui n’a pas permis à la RDC de se développer et c’est cela que le président de la République souhaite corriger à travers cette nouvelle fonction et ce service.
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La deuxième phase est l’élaboration et l’exécution d’un pont national du numérique. Ce pont sera la colonne vertébrale pour notre pays dans les prochaines années, et s’inscrit dans le cadre de la vision du chef de l’état.
Enfin, la troisième phase, sera une phase d’exploitation : l’exploitation des base de données que nous allons créer et qui manquent dans notre pays. A quoi sert une base de donnée ? Une base de donnée permet la gestion et de comprendre dans les différents secteurs ce qu’il faut prendre comme décisions. L’absence de cette base de données, l’absence tout simplement de données dans notre pays depuis de nombreuses années a fait que de nombreuses décisions n’ont pas été prises de manière efficiente et c’est ce qui a fait que malheureusement, nous n’avons pas connu de bons résultats dans les différentes politiques que nous avons menées.
Le président de la République a compris cet enjeu et donc tout le monde va prendre évidemment sa part dans le secteur privé mais bien évidemment dans le secteur public qui a un grand retard a rattrapé. Cela passera bien évidemment par un grand programme de modernisation de l’administration publique, d’informatisation de l’administration publique et une formation des agents de l’administration publique parce qu’il faut les accompagner vers cette transition numérique dans laquelle nous entraîne le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi.
Sur le plan social, comment faire la jonction entre ce projet numérique et les populations défavorisées ? Quelles sont les actions qui sont déjà mises en oeuvres ?
Le Président de la République lors de la campagne électorale avait un grand thème : celui de vaincre la pauvreté. Vous savez qu’il est très attaché à la lutte contre la fracture sociale. Le numérique est également, de ce point de vue, une formidable opportunité pour lutter contre cette fracture sociale. Je voudrais vous donner un exemple : Des jeunes congolais ont créé une application qui s’appelle Schoolap. C’est une application dédiée au secteur de l’éducation qui permettra à terme, de recenser l’ensemble des élèves du secteur de l’éducation primaire et secondaire. Ils ont été primés en Suisse à l’occasion d’un concours international ! C’est quand même assez rare, il faut le souligner, que la RDC puisse être élevée, à travers ces jeunes, à l’échelle internationale surtout dans le secteur des nouvelles technologies. Pour montrer le soutien qu’il entend apporter aux nouvelles technologies, et à la jeunesse congolaise, le Président de la République a bien voulu accorder une audience pour les féliciter. A travers cette application, les élèves dans les écoles les plus reculées auront accès à du contenu , ça veut dire à des leçons de qualités. Des professeurs dans les lieux les plus reculés, qui ne disposent malheureusement d’aucuns outils didactiques, disposeront à travers les tablettes et les smartphones de leçons qu’ils pourront préparer et les enseigner aux élèves. Cette action va permettre d’améliorer la qualité de l’enseignement en RDC.
Dans le domaine de la santé, c’est pareil. Il y a aujourd’hui, au niveau du ministère de la santé, des programmes de digitalisation et de gouvernance de Ehealth, ça veut dire de santé électronique, qui permettront d’améliorer le système de santé. C’est pour vous dire que sur le plan social le numérique peut apporter beaucoup à la RDC et une fois de plus grâce à la vision du Président de la République, nous sommes vraiment très confiants que les choses vont enfin évoluer positivement dans notre pays.
Vous venez de citer Schoolap qui a été reçu par le Président de la République, qui a été découvert par la Kinshasa Digital Week, est-ce que c’était important pour vous de soutenir une telle initiative?
On est venu pour d’abord saluer un des initiateurs de la Kinshasa Digital Week, Thomas Strouvens Tshimanga. Bien évidemment, nous pouvons que soutenir de telles initiatives. Pourquoi ? Parce que le privé, en matière numérique, a de l’avance sur le public. Et je crois qu’il en sera toujours ainsi, parce que le privé a pour vocation l’innovation et la créativité. Il faut par contre, que l’état suive, de manière rapprochée, les initiatives du secteur privé. Nous avons prit beaucoup de retard et aujourd’hui l’initiative privée nous stimule parce que nous voyons aujourd’hui toutes ces starts-ups, tous ces participants et ça nous encourage parce que ça nous démontre l’importance du numérique. C’est pourquoi, nous entendons travailler main dans la main avec le secteur privé avec l’écosystème numérique et nous prendrons toute notre part. Cela peut, par exemple, aller à travers des incitations fiscales, para fiscales, pour les starts-ups ou encore par des accompagnements divers et variés. L’état est donc aujourd’hui de retour grâce à la vision du Président de la République.
Concrètement vous vous positionnez comme étant accessible aux acteurs du monde du numérique ?
Le 13 décembre 2018, le peuple congolais a porté à sa tête, un nouveau Président. La chance que le Congo a et que les acteurs du numérique ont c’est que c’est un président qui comprend cet environnement, qui est un utilisateur des différents outils technologiques et donc la mission qu’il m’a assignée c’est d’être présent et de marquer le retour de l’Etat dans ce secteur. Je sais que ce secteur a souvent été en retrait par rapport à la présence de l’Etat mais aujourd’hui, et c’est le message du Président de la République, l’État est aujourd’hui de retour pour accompagner les acteurs du numérique au profit du développement et de la bonne gouvernance.
Comme mot de la fin, qu’est ce qu’on peut souhaiter à toute l’équipe de la Kinshasa digital week et sa deuxième édition ?
J’ai eu à m’entretenir avec un des initiateurs Thomas Strouvens Tshimanga, qui m’a parlé de son ambition 2020. Il m’a d’abord parler de l’ambition nationale mais également de la mission internationale. Pour la mission nationale, je pense qu’ils ont comme projet, de déployer leur évènement dans d’autres provinces et c’est une bonne chose. Pour l’international, ils ont également le projet d’aller à la conquête d’autres pays pour déployer le même concept. Nous nous réjouissons que le Congo puisse rayonner à l’international avec des concepts et des idées qui ont été conçues dans notre pays.
Pour l’édition 2020, il m’a fait part d’une véritable ambition d’en faire le plus grand évènement du numérique en Afrique centrale. Nous souhaitons l’accompagner et je formule ici le voeux que le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, puisse être présent à l’occasion de l’édition 2020. Je vais essayer de le convaincre mais je pense que je n’aurais pas besoin de déployer trop d’arguments car comme je vous l’ai dit : c’est un ami du secteur numérique et je suis certain et convaincu qu’il pourra être présent lors de l’édition 2020.
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