L’Agence de l’informatique de l’Etat a interconnecté 400 bâtiments de l’Administration grâce à son réseau de fibre optique. Selon son Directeur général, Cheikh Bakhoum, les grands projets mis en œuvre par l’Agence notamment la dématérialisation de près de 60 procédures, le projet « Smart Sénégal » entre autres, vont rendre le pays plus attractif, plus ouvert au reste du monde.
L’Etat a confié des projets dans le domaine du numérique pour accélérer la modernisation de l’Administration et améliorer la qualité du service rendu aux citoyens. Où en êtes-vous avec ces projets ?
Depuis 2012, le président de la République, Macky Sall a confié à l’Agence de l’informatique de l’Etat (Adie) d’importants projets dans le numérique. Il s’agit, principalement, du projet de l’intranet administratif qu’il fallait étendre partout dans le pays. C’est pour cela, nous avons entamé un vaste chantier de déploiement de fibre optique.
Aujourd’hui, on peut dire que tous les 45 départements sont couverts en fibre optique donc en infrastructure large bande de dernière génération. Ce projet va permettre à l’Administration d’être interconnectée en haut débit, que ce soit l’Administration au niveau central ou local. Dès lors, nous pouvons dire que l’Administration sénégalaise est à l’ère du haut débit.
Cette infrastructure va permettre de raccourcir les délais en termes de traitement d’informations au sein de l’Administration mais également elle va permettre une meilleure communication entre les administrations et surtout permettre à notre pays de davantage rapprocher l’administration aux citoyens et investisseurs. Dans le cadre de ce projet national Large Bande, nous avons connecté presque 400 bâtiments de l’Administration. Il s’agit de préfectures, de commissariats de police, d’hôpitaux, des universités mais également la quasi-totalité des administrations qui se trouvent dans notre territoire. C’est presque 4500 km de fibre optique qui ont été déployés
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Le président Macky Sall nous avait instruit, dans le cadre de ce projet, de construire le plus grand « datacenter » du Sénégal. C’est ce que nous sommes en train de faire à Diamniadio et à travers ce « datacenter » nous pourrons stocker et héberger l’ensemble des données de notre Administration et l’étendre même au secteur privé national et international. C’est un projet structurant pour notre pays qui pourra bénéficier à l’ensemble des secteurs d’activité économique, sociale et environnementale.
Quels sont les enjeux de la dématérialisation des procédures ?
Aujourd’hui, après avoir mis une infrastructure de dernière génération, l’enjeu est de construire des applications destinées aux usagers de l’Administration, aux citoyens sénégalais. En interconnectant les hôpitaux, la télémédecine va être une réalité partout dans le pays, le déficit de médecins que nous notons dans certaines régions peut être comblé grâce à la télémédecine. C’est également le cas pour les universités où nous notons dans certaines régions un déficit de professeurs. Avec le téléenseignement nous pouvons, combler ce gap. Idem pour les autres secteurs.
De plus, l’infrastructure fibre optique que nous avons déployée va favoriser une dématérialisation plus accrue des procédures administratives. Aujourd’hui, nous avons presque 50 procédures qui ont été dématérialisées par l’ADIE, compte non tenu des procédures qui ont été dématérialisées par certaines administrations notamment au ministère de l’Enseignement supérieur et au ministère de l’Economie, des Finances et du Plan. C’est un processus de modernisation qui est enclenché et le Président de la République tient à ce que toute notre Administration soit dématérialisée pour permettre aux citoyens de ne plus se déplacer systématiquement pour avoir des documents au niveau de l’Administration.
Quels sont les avantages qu’offre cette dématérialisation des procédures?
Les avantages sont multiples. C’est d’abord un gain de temps. Le citoyen qui habite à Matam, à Tambacounda ou dans la région naturelle de Casamance n’aura pas forcément besoin de venir jusqu’à Dakar pour s’entretenir avec un agent de l’Administration centrale. Il peut tout simplement, à partir d’un portail disponible sur le net, demander des informations mais également communiquer avec les agents de l’Administration centrale. C’est un gain de temps et aussi un gain en termes de dépenses. En outre, la dématérialisation est une marque de transparence dans la gestion publique, elle favorise également le renforcement de nos institutions.
Comment l’administration publique et les citoyens ont-ils accueilli tout ce catalogue de services offert par l’Adie ?
Pour la plupart des procédures que nous avons dématérialisées, nous avons noté un engouement de la part des citoyens à chaque fois que nous avons fait un lancement. C’était le cas lors du lancement de la demande du retrait du diplôme de baccalauréat sur la plateforme TeleDAc. Dès le premier jour, des milliers de Sénégalais se sont connectés sur le portail. Il en est de même pour le concours de l’Ena. Auparavant, des Sénégalais à l’intérieur du pays ou de la diaspora étaient obligés de patienter à l’Ena pendant plusieurs jours, juste pouvoir déposer leurs dossiers. Avec la dématérialisation, ce n’est plus qu’un mauvais souvenir. Il leur suffit juste de s’inscrire en ligne. La dématérialisation est un besoin réel au niveau des citoyens et c’est un processus irréversible pour notre administration.
Existe-t-il des facteurs bloquants dans ce processus de digitalisation?
Je pense que le principal blocage se situe au niveau de l’Administration. Nous avons une Administration qui est encore très attachée au papier. La digitalisation en cours doit être accompagnée d’une politique de conduite du changement. C’est un volet que nous avons inclus dans tous nos projets de dématérialisation. Nous accompagnons systématiquement les agents de l’Administration pour l’utilisation des nouveaux outils déployés et une meilleure compréhension des enjeux.
Un dispositif de télépaiement a été lancé par l’Adie. Est-ce qu’il est opérationnel ?
Nous avons lancé le dispositif de télépaiement parce que jusqu’ici, au Sénégal, pour payer des taxes au niveau de l’Administration, les Sénégalais étaient obligés d’aller au Trésor public. L’Adie, en rapport avec les autorités du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, a mis en place un dispositif de télépaiement pour que le Sénégalais qui effectue une procédure au niveau de l’Administration puisse directement payer grâce aux outils comme le « mobile money ». C’est un dispositif utilisable par l’ensemble des administrations. Nous l’avons déployé dans un premier temps à l’Ena et nous comptons le faire avec toutes les procédures qui nécessitent un paiement de la part du citoyen.
L’un des projets phares de l’Adie est le « Smart Sénégal ». A quand son lancement?
Le projet va débuter incessamment pour prendre en charge un volet essentiel du Plan Sénégal émergent (Pse). Au niveau du projet « Smart Sénégal » nous envisageons de rendre nos villes beaucoup plus sûres à travers le concept de «Safe city ». Avec le ministère de l’Intérieur et la Gendarmerie entre autres, nous travaillons sur des outils permettant une supervision 24h/24, de la capitale d’abord, mais également des grandes villes du Sénégal. Sur le volet Education, nous allons accompagner les universités, les lycées, les collèges dans le cadre de leur modernisation. Nous allons véritablement introduire la technologie dans notre système d’enseignement.
Il y a un volet qui concerne la santé. Nous comptons avoir des points de télémédecine ; que ce soit dans les hôpitaux ou dans ce que nous allons appeler les « maisons du citoyen » que nous allons construire dans chaque département. Ces maisons seront des guichets uniques où tous les services dématérialisés vont pouvoir être délivrés. En outre, nous aurons un « training center » pour la formation afin d’accompagner les jeunes, les startups pour avoir un écosystème viable. Nous voulons créer un environnement digital où vont évoluer des agents de l’Administration sénégalaise et du secteur privé, des jeunes, des universitaires. Nous allons aussi soutenir d’autres secteurs comme l’agriculture, la pêche et l’élevage avec des applications qui permettront d’améliorer nos productions et d’avoir une meilleure maitrise de ce que nous produisons. Le « Smart Sénégal » va rendre notre pays beaucoup plus attractif, plus ouvert au monde.
Il est beaucoup question de la cybercriminalité. Quel est le dispositif mis en place par l’Adie et les différents services concernés de l’Etat pour pouvoir faire face à cette menace ?
L’Adie a, à son sein, une direction qui s’occupe de la sécurité des systèmes d’informations. Nous avons lancé le « CERT » de l’intranet administratif (CSIRT ADIE.SN). C’est un dispositif qui implique les départements les plus importants en matière de systèmes d’information. Le bureau CSIRT permet de coordonner nos activités en matière de cybersécurité et d’apporter les réponses nécessaires à chaque fois que nos systèmes sont attaqués.