«Ya ! Je dois donner mon âge ? C’est interdit, non ? Non, je rigole !», sursaute-t-elle, pleine de peps dans son corsage en Wax mauve sur une jupe crayon noir. Rangeant délicatement une mèche rebelle derrière le lobe de son oreille gauche, Moussoukoro Diop, 37 ans, pétille dans ce hall coquet d’un luxueux hôtel dakarois.
La voix enjouée, le sourire généreux, la jeune dame exerce la profession de digital manager. Un job qu’elle a choisi plus par passion que par vocation. Elle explique : «Ma passion pour le digital est née avec l’avènement des réseaux sociaux et avec le développement fulgurant de l’internet, je me suis rendu compte que j’avais un amour fou pour le net. Avant que je n’aie l’internet à la maison, je passais toutes mes journées au cyber café. Curieuse de nature, Internet était un joyau pour moi. C’était ma caverne d’Ali Baba.»
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Depuis, la passion de cette assoiffée de connaissances va crescendo. Moussoukoro devient une web addict et commence à tisser sa toile. Mieux, elle étend ses fils, se connecte à d’autres personnes qui partagent la même passion qu’elle et ne fixe plus de limites pour étancher sa soif. Aujourd’hui, son diplôme d’ingénieure en poche, la directrice d’une agence dénommée «Digital Mousso» a fait du digital son gagne-pain.
Elle va même plus loin et développe, avec ses équipes, des sites web et des applications pour sa clientèle. Un vrai régal pour cette développeuse qui avoue, cependant, ne pas être à l’affut du gain. Non ! Moussoukoro vise loin et nie être intéressée par l’argent.
Question : Le digital fait-il vivre son homme ou sa femme ?
Réponse du tic au tac ! «Non ! C’est une question que l’on me pose tout le temps car, les gens ne comprennent pas que je sois autant passionnée par une chose qui ne me rapporte rien. Je leur rétorque juste que les passionnés de digital ne sont pas intéressés par le gain. Pour prospérer dans ce métier, il faut d’abord l’aimer, s’armer de patience mais surtout de passion. C’est cela le secret. Mais, je ne dis pas qu’il n’est pas possible de gagner de l’argent avec le digital. C’est possible, en monétisant certaines plateformes», confie-t-elle, dans un débit de mitrailleuse.
N’empêche, Moussoukoro trace un avenir radieux au digital et lui augure un lendemain rayonnant. «Le digital a un bel avenir devant lui. On a encore de très belles années devant nous. Cela se manifeste à travers l’importance que certaines entreprises accordent de plus en plus au digital en l’intégrant dans leur travail. Le digital, ça court et ça ne s’arrête pas». Gare à celui ou celle que le train laissera à quai. Cela, Ndèye Awa Gueye ou encore Mary Beye l’ont bien compris. Elles, qui, depuis le début, ont arrimé leur wagons au train du digital.
Sous nos cieux, il n’est plus singulier de voir une femme, grâce au web, manier, créer et développer des applications ou des sites, avec aisance. Avec le développement exponentiel de l’Internet, le digital accueille un nouveau contingent en jupes et talons aiguilles. Mieux, il n’est plus l’apanage exclusif des hommes et se féminise. Pour le plus grand bonheur de Moussoukoro Diop, Ndèye Awa Gueye ou encore Mary Beye qui avouent un réel béguin pour le digital. Une passion pour la plupart avant d’être un métier.
La passion
Comment définirait-on une femme digitale ? Speedy, overbookée, passionnée de web et connectée en permanence ? Lorsqu’on rencontre Ndèye Awa Gueye, on réalise qu’on n’est pas loin du cliché. Android à la main, lunettes de vue posées sur un petit nez fouineur, visage amène, la jeune ingénieure de 28 ans vit le digitale à fond. Ndèye Awa transpire digitale et tourne toute sa vie autour de ça. La faute à une famille super branchée hitech.
Chez la Project-manager d’une entreprise de téléphonie de la place, le gène se transmet de père à fille. «Je suis née dans une famille où il y a beaucoup d’ingénieurs. Dès l’âge de 8 ans déjà, mon père m’incitait à utiliser l’ordinateur. C’est lui qui m’a appris comment utiliser les logiciels Word, Excel, Powerpoint et autre», confie-t-elle, assise en bascule sur le sofa en cuir de son salon à la décoration épuré.
L’appétit venant en mangeant, la jeune dame qui aspirait à porter la blouse et à manier le bistouri, s’inscrit à l’école supérieure polytechnique de Dakar (Esp) et y décroche avec brio un diplôme d’ingénieur en conception informatique. A Ngor Almadies où elle reçoit, Ndèye Awa épate. Difficile de croire qu’on fait face à une fée des logiciels qui a réussi à mettre sur pied, en 2012, avec deux de ses amies, une plateforme de e-commerce dénommée «Sooretoul.com» pour la promotion du consommer local, une autre de web mobile dénommée «Wichi assistant (Women and child assistant) et un réseau de 30 femmes spécialisées dans la technologie répondant au nom de «Jjiguène tech up».
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Parce qu’elle croit en l’avenir du digital au féminin, Ndèye Awa adhère à la philosophie selon laquelle, il est impératif que les femmes intègrent le digital dans leur projet et leur business. Pour promouvoir leurs produits et toucher leurs cibles. «Le digital est une nouvelle façon d’utiliser l’internet dans ses activités de tous les jours. C’est entré dans nos habitudes de tous les jours et on ne peut plus se passer de l’internet. C’est ancré dans nos vies. On utilise internet pour atteindre les cibles et vulgariser ce qu’on fait en passant par les réseaux sociaux», termine-t-elle, la voix vibrante de passion.
L’effraction
La passion, Merry Beye en a deux : L’écriture et le digitale. D’ailleurs, elle ne peut en parler sans se départir d’une petite étincelle dans les yeux. Dans cet immeuble au luxe discret et à l’ambiance feutrée sis sur la route de Ouakam, Merry Beye apporte une touche de glam dans son leggins noir sur une blouse couleur ambre, juchée sur d’élégantes bottines caramel. Casque de cheveux frisés retenus par un foulard noir, Mary Beye, dans un bureau aseptisé qu’elle partage avec 3 de ses collègues, engage la conversation sur un sujet anodin : la masse pondérale.
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On est surpris de voir que cette femme qui présente une émission hautement technologique sur la télévision Futurs medias, s’attarde sur des considérations typiquement féminines. Et pourtant si ! Merry Beye est une femme profondément coquette et digitale. «Les femmes s’affirment de plus en plus dans le digital.
Au début, les hommes nous jaugeaient et se demandaient si la femme avait sa place dans le digital. Aujourd’hui, elles disputent la place aux hommes qui ne sont plus dubitatifs. Je peux même dire que nous sommes dans l’ère des femmes digitales», susurre-t-elle, deux revues économiques sous les yeux. A 31 ans, la présentatrice de l’émission Hitech 221 sur la Télévision Futurs medias et chroniqueuse technologique dans «Yewoulene» s’occupe de la communication digitale et des relations avec la presse d’une entreprise étatique de la place.
D’ailleurs, elle ne cache pas qu’elle est tombée dans le digital comme un «cheveu dans la soupe». «Je peux dire que je suis entrée dans le monde du Digital par accident. Alors que j’effectuais mon premier stage, j’ai intégré un projet dénommé «Oracle» pour de la consultance. C’est à partir de ce moment qu’est né mon amour pour la technologie.» De fil en aiguille et réalisant les multiples opportunités que peut procurer le digital, Merry Beye s’y investit et va jusqu’à créer un groupe sur le réseau Facebook, «Being a great parent» avec comme objectif principal, se servir du digital pour rendre la vie de maman plus facile. «Quand j’ai eu mon premier enfant, je ne m’y connaissais pas trop en bébé. J’ai pensé mettre sur pied ce groupe afin d’échanger avec les mamans mais aussi de venir en aide aux femmes en détresse», argue-t-elle.
Et le principe marche puisqu’à travers ce groupe, digitales ou pas, toutes les femmes y trouvent une oreille attentive et de bons conseils. Mais le digital, selon Mary Beye, c’est avant tout, une question de challenge. D’avenir surtout. «C’est le fait d’aimer les challenges qui poussent certaines femmes à s’intéresser au digital. Il y a une chose qu’il ne faut aussi pas occulter, c’est que le digital, c’est l’avenir et tant qu’on n’est pas dedans, on n’est pas dans l’avenir !». Merry Beye, elle y croit !
Avec notre partenaire -Journal l’observateur