Après plus de deux ans d’attente, la 4G s’installe enfin au Sénégal suite à l’octroi de la licence à Sonatel par l’Etat du Sénégal à Hauteur de 100 milliards de FCfa . L’arrivée de cette Technologie de Quatrième Génération va complètement changer la manière dont les Sénégalais utilisent Internet.
De la 2G en passant par la 3G et 3G+, la 4G va apporter de bonnes choses à l’écosystème Numérique. Comment se fera cette mutation? Existe t-il des inconvénients avec l’arrivée de cette technologie de 4e Génération? Qu’est ce qui va changer chez le consommateur? Autant de questions qui trouveront réponse dans ce dossier spécial immersion au cœur de la 4G.
C’est quoi la 4G ?
Il serait nécessaire, avant toute chose, de répondre à cette question. Pour cela, retournons un peu en arrière. Il y a de cela plus de quatre décennies apparaissaient les premiers téléphones mobiles qui fonctionnaient sous un mode de communication analogique. Ainsi, nous avons la première génération de systèmes cellulaires d’où la 1G.
Les appareils étaient volumineux, la technologie était non seulement, coûteuse mais aussi de très mauvaise qualité. En plus on y notait une absence de sécurisation des appels. Au fil du temps, la technologie passa de la 2G, ensuite avec l’apparition des smartphones, la 3G apparaît. Une technologie haut Débit mobile qui était limitée par l’utilisation de datas souvent inaccessibles dans certaines zones non couvertes par les opérateurs de téléphonie. Aujourd’hui nous arrivons à la 4G.
De façon très simple, la 4G est une technologie de pointe qui fournit du très Haut Débit Mobile. Par exemple avec votre mobile, vous pouvez télécharger à la seconde des fichiers très lourds , regarder la télévision ou communiquer en vidéo avec la même fluidité et le même confort que sur votre Ordinateur fixe ( PC).
Les volumes de téléchargement peuvent atteindre des débits supérieurs à 100 Mb/s (mégabits par seconde), voire supérieurs à 1 Gb/s (gigabits par seconde).
C’est grâce à tous ces avantages que la Sonatel a finalement casqué 100 milliards de FCFA pour l’obtention de la concession ainsi que la licence 4G (20 M (10 dans la bande 1800 et 10 dans la bande 800) avant les autres opérateurs. D’ailleurs, faisons une petite pause sur ces deux termes.
Quelle est la différence entre concession et licence ?
Au sens du code des télécommunications au Sénégal, la licence signifie: un droit spécifié par décret approuvant deux documents (une convention de concession et un cahier des charges).
“Ici la concession concerne le fait que l’Etat (concédant) concède à l’opérateur (le concessionnaire) l’exploitation d’un service public moyennant une contrepartie sous la forme d’une redevance et un certain nombre d’exigences et de contraintes qui sont consignées dans un cahier des charges”, explique Tidiane Seck, Ancien directeur général de l’Agence de l’Informatique de l’Etat.
La 4G, une opportunité pour le développement du pays
L’arrivée de la 4G va booster la croissance économique du pays d’après l’Organisation des professionnels des technologies de l’information et de la communication (Optic). Par exemple, les entreprises pourront, grâce au très haut débit, développer des services pour moderniser notre administration publique avec un impact certain dans la vie des citoyens. Et cela constitue pour elles de nouvelles opportunités d’affaires. Quant aux populations, elles pourront être au même niveau dans la « révolution numérique ».
Pour l’Optic,”cette évolution permettra, si elle est bien mise en oeuvre, d’accéder au très haut débit pour les entreprises et pour le grand public. Ce qui fera que de nouveaux services pourront être développés au bénéfice des populations.”
Cependant, pour permettre à tout Sénégalais de tirer profit de cette technologie, la couverture du territoire devient un point important.
“Nous avons vu que pour l’attribution de la licence de Sonatel, des conditions de couverture ont été imposées dans le cahier des charges. Cela est une bonne chose et garantira l’accès à la plus grande majorité de la population. Il faudra veiller aux mêmes modalités pour les prochaines licences qui seront accordées”, explique l’Optic qui plaide pour que l’ensemble des opérateurs de télécommunication accèdent à cette 4G à un prix qui leur permette de rendre abordable le coût de l’accès, notamment pour les entreprises du secteur du numérique.
En effet, l’ARTP a imposé à la Sonatel , une nouvelle offre afin que l’opérateur puisse garantir l’augmentation des taux de couverture qui passent de 65% à 70% en 5 ans et 85% à 90% en 10 ans
Lire l’article Sénégal: La licence de la 4G vendue à 32 milliards de FCFA
L’Etat du Sénégal vient de céder la licence de la 4G à Sonatel ( Orange ) à hauteur de 32 milliards de FCFA pour obtenir 20 M (10 dans la bande 1800 et 10 dans la bande 800) avec l’obligation de débuter sa commercialisation dans deux mois au plus tard à compter de la date d’assignation des fréquences. Lire la suite ….
Qu’est ce qui va changer?
La 4G, c’est un passage d’une étape à une autre, évidemment, il y aura des changements importants qui seront opérés. Selon Tidane Seck, ces derniers peuvent être situés à plusieurs niveaux mais avec des conditions.
En utilisant les fréquences en “or”, la 4G peut améliorer la couverture du territoire à moindre frais, car avec des fréquences entre 700 et 800 mhz, la portée du signal étant plus grande, on a besoin de moins de sites BTS pour couvrir tout le territoire.
Changement de terminaux
Comme la TNT, les utilisateurs devront changer de terminal pour s’adapter. En effet, la 4G étant une technologie haut débit mobile, il faut un smartphone. C’est dans ce sens que l’intervention de la Sonatel aura toute son importance. L’opérateur peut, par exemple proposer des smartphones 4G aux consommateurs avec un forfait adapté, ce qui augmentera la demande.
L’attente des consommateurs serait d’avoir des forfaits adaptés et compétitifs en attendant de faire un choix avec l’arrivée des autres concurrents en quête de la licence 4G.
4G et fibre optique: une solution pour la connectivité au Sénégal
Pour Alex Corenthin, il ne faut pas se leurrer, l’arrivée de la 4G ne va pas régler tout le problème de connectivité au Sénégal.
“Ce qu’il faut savoir est que la 4G est une technologie reposant sur les mêmes bases que la 3G avec un débit largement supérieur. L’instabilité est liée à la couverture des réseaux qui relève des termes de la concession de service public et des exigences du service universel. De plus, la 4G ne règle pas le problème du coût de la connexion pour le citoyen. qui pourrait même devenir inaccessible pour la grande majorité des Sénégalais.”
Le président du chapitre sénégalais d’Internet Society pense que , le problème de l’accès à Internet (pour le citoyen) doit être couplé avec celui de la connexion haut débit ou très haut débit (il reste à définir ces notions) permettant l’accroissement de l’offre de services par les professionnels des TIC. Pour ce faire, il y avune nécessité absolue de réhabiliter et d’étendre les infrastructures filaires ou par fibre optique pour permettre aux entrepreneurs d’héberger et d’offrir des services à valeur ajoutée aux consommateurs sénégalais qui auraient un réel impact sur la qualité de la connexion offerte par les opérateurs et les coûts associés.
Dans cette même lancée, l’ancien DG de l’ADIE, pense qu’il faut espérer que les prix ne vont pas augmenter et surtout que l’on ait pas un internet à deux vitesses: d’un coté les 3G pour les pauvres et de l’autre coté la 4G pour les aisés.
100 milliards pour la 4G! bon ou mauvais deal?
Pour Alex Corenthin, ici, ce sont des paramètres économiques qui devraient être portés à la connaissance du public pour pouvoir apprécier ce coût. D’autant plus il inclut le renouvellement de la concession de service public (sans investissements majeurs) avec une extension sur la 4G.
Ainsi, l’enseignant à l’Ecole polytechnique supérieur de Dakar nous rappelle les propos de Sidy Diop. En fait, pour ce dernier, vice-président du cabinet de conseil en expertise économique Microeconomix,
« la fixation d’un prix optimal d’une licence consiste à maximiser les recettes de l’Etat sous contrainte d’affecter de façon raisonnable la rentabilité de l’opérateur pour qu’il conserve un équilibre économique et une capacité à investir. »
Malgré cette technologie de quatrième génération, on ne peut pas dire qu’il n’y aura plus de souci de connexion dans le pays.
Néanmoins, l’arrivée de la 4G apportera de la valeur ajoutée au secteur numérique sénégalais. Les avantages sont importants et son utilisation sera très efficace pour notre économie. Mais au-delà de ces mesures, il est important de penser aux infrastructures nécessaires pour le bon fonctionnement de cette technologie.
Le Sénégal a toujours eu des problèmes de connexion . Une meilleure politique de notre Etat aiderait à une meilleure prise en compte des besoins spécifiques des consommateurs, principaux acteurs de la technologie, devenue un droit et non une nécessité.